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20 janvier 2020 1 20 /01 /janvier /2020 15:55

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21 août 2010 6 21 /08 /août /2010 13:49

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La Paz


IMGP6019Nous voilà traînant en ville... Les activités à La Paz sont plutôt limitées, bien que ce soit une cité dans l'ensemble supportable, pour ne pas dire agréable. En plus, nous sommes installés dans un quartier sympa, au milieu du marché des sorcières. Nous arpentons les rues, à la recherche d'informations, mais l'office du tourisme et la compagnie aérienne (TACA), qui nous transportera au moins sur les premiers vols, sont fermées le week-end. Nous ne faisons pas grand chose de plus, fatigués par le vélo. Cependant le soir, sur les conseils de nos voisins d'hôtels, nous allons au cinéma voir "El Origen" (ou "Inception" en anglais), en VO sous-titrée en castillan ! Le film plaît à Nico, qui apprécie particulièrement ce type de science-fiction. Nous rigolons bien aussi : nous rentrons dans la salle avec nos numéros de place puis nous sommes accompagnés jusqu'à nos sièges par l'ouvreur. Le mieux reste, tout de même, que l'on déroule le tapis à l'ouverture des portes de la salle.

 

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Le lendemain, dimanche, la visite est plus culturelle : nous visitons le musée des instruments de musique, histoire de changer de l'ethnographie. Il s'avère didactique et intéressant : des instruments primitifs aux contemporains, en passant par les classiques et les inventions sorties de la tête du créateur de l'établissement, Ernesto Cavour, telle que la guitare sèche à 5 manches ! ou le bouteillophone ! Top du top : le droit d'en essayer certains, ce qui donne envie à Pauline de se mettre à la trompette ! Nous avons cependant vite épuisé les possibilités et nous déambulons sans but, jusqu'à trouver une idée : et si nous allions en montagne ? Devant un couscous (au Marrakech), nous évaluons les différentes possibilités et nous nous voyons déjà dans la voie des français au Huayna Potosi, qui on peut admirer du centre-ville, comme le Mururata et l'Illimani d'ailleurs. Nous consacrons notre lundi aux basses tâches : TACA et office du tourisme qui nous renvoient dans la rue de l'électroménager pour y trouver des cartons, à notre étonnement, payants (et chers : entre 30 et 35 bolos celui de frigo, la taille qu'il nous faut pour y ranger les vélos).

 

 

 

 

IMGP5875Ensuite, nous faisons le tour des agences de tourisme pour trouver un moyen de transport jusqu'au Col Zongo, point de départ pour le Huayna (le seul colectivo part à 6h du matin d'El Alto !). Nousen profitons pour demander les conditions mais ça n'a pas l'air terrible : 2 personnes y seraient mortes récemment. La voie serait dure à cause du faible enneigement de cette trop sèche année. Nous commençons à douter de notre choix... En tout cas, nous faisons une croix sur l'initiation au kayak envisagée car le prix est exorbitant (85 US$ / pers. pour une journée) faute de concurrence : une seule agence propose cette activité. Pour finir, on retourne au ciné, mais nous loupons Shrek 4, car les séances pour ce film, hautement intellectuel, ne sont qu'en journée !

 

Nico retrouve le sourire ce matin-là, grâce à la découverte d'un site de grimpe au bon potentiel, Aranjuez, à 1/2h de bus du centre ! Depuis le temps qu'il fait des pompes pour se maintenir en forme ! Puis nous nous attelons à la recherche de cadeaux et nous trouvons notamment notre bonheur chez Olivier, un français installé avec sa IMGP5881femme bolivienne et ses deux enfants, à la capitale. Il récupère dans les campagnes de vieux tissus (couvertures, ponchos, sacs à farine...) pour les intégrer dans des vêtements ou des accessoires. C'est vraiment réussi et Pauline se "lâche" sur les achats ! Au bas de chez nous, nous sourions des sorciers qui lisent l'avenir dans les feuilles de coca. Mais ils ne travaillent pas pour les gringos...

 

Mercredi, nous repoussons notre séance de grimpe, faute de voisins discrets ! Sont bien gentils, mais ils vivent "en décalé" : musique jusqu'à 23h, sortie en boîte après et retour entre 4 et 5h, ces messieurs discutant gaiement ! Auraient-ils pris un verre ou deux que cela ne nous étonnerait pas ! Bref, à chacun son mode de vie et son mode de voyage. Nous explorons les montagnes, eux le monde de la nuit des capitales !

 

Nuit suivante, rebelotte mais nous allons tout de même grimper : au moins, si nous sommes fatigués, nous espérons trouver le sommeil ce soir malgré le boucan... Le site est très sympa malgré la route passante : pas de marche d'approche, exposition au soleil à notre choix (mais nous préférons l'ombre, car malgré l'altitude, il est écrasant). La reprise est un peu dure, mais le caillou nous ravit : un conglomérat de galets. Nous profitons jusqu'à plus soif et le soir, après un passage chez Olivier pour discuter en français, histoire de se remettre dans le bain, nous retrouvons nos amis suisses rencontrés à Choquequirau. Non seulement nous sommes en cours de tractation commerciale (ils souhaitent racheter notre tente), mais nous pouvons faire taxi commun, car ils vont en montagne dans le même coin que nous. Nos plans ont été réajustés selon les conditions et nous visons le Pequeño Alpamayo par la directe et/ou la Cabeza del Condor. Nous verrons bien sur place.

 

 

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La Cabeza del Condor


IMGP5911Nous avons RDV à 9h30 devant l'agence d'un de leurs compatriotes, car Roger et Cristina ont dégoté un taxi pour 200 Bs. Il nous monte jusqu'à la laguna Tuni à 2h30 - 3h de marche du Camp de Base (CB). Nous longeons la retenue d'eau puis nous empruntons un sentier qui domine d'autres lagunes plus haut situées. Tout le long du sentier, nous croisons des lamas, qui poussent parfois de petits cris comme des gémissements (hummm). A la dernière, nous nous installons le long du refuge, mais d'une part nous sommes offusqués par le prix (20Bs / pers. / nuit) et d'autre part, nous ne voyons pas nos amis, qui comptent faire la cuisine sur notre réchaud. Du coup, renseignements pris, nous nous rendons compte que le CB est encore à 1/4 d'heure de marche, de l'autre côté du lac. Nous déménageons notre tente rapidement et nous trouvons un emplacement encore mieux que le premier, non loin des suisses.

 

IMGP5912En discutant autour de nous, nous rencontrons deux français que nous avions aperçus à Tuni, Stella et Mathieu. Nous nous couchons tôt, fatigués par les courtes nuits précédentes et la petite approche. C'est d'autant mieux que le réveil sonne à 2h05 ! Nous laissons tomber la directe du Pequeno Alpamayo car trop sèche et trop fréquentée. Nous nous levons sans trop de mal (exceptionnel pour Pauline !). Il ne fait pas trop froid mais la lune s'est déjà couchée, la veinarde ! Un des derniers petits déjeuners "made in America Latina" (avoine améliorée)... Nous partons à la lueur des frontales, le long d'un sentier que nous avons du mal à suivre dans la nuit noire. Au poteau blanc indiqué sur notre topo, nous nous trompons car nous avons en tête la photo de l'ancien tracé vu dans le topo de Biggar. Nous remontons un pierrier des gros blocs puis un couloir de neige puis de vieille glace, jonché de cailloux, qui nous oblige à enfiler crampons et baudriers, d'autant que les rives ne sont pas propices à l'assurage.

 

IMGP5911Nous tirons une dernière longueur dans le rocher branlant pour atteindre une brèche donnant, judicieusement, sur le sommet d'un pierrier à la sente bien marquée. Nous traversons jusqu'à prendre pied sur le glacier. Pauline se transforme de nouveau en Vomito ! Transformation aussi rapide que Superman se change quand il entend une sirène de police ! Le soleil termine de se lever alors que nous traversons le glacier, un beau dédale de crevasses et de pénitents ralentissant la progression en coinçant la corde. Au CB, nous avions été tentés par la très belle arête ouest de l'aile gauche du Condoriri, mais son approche est plus longue et nous ne voyons pas l'attaque qui risque d'être sèche due à son orientation NW.

 

IMGP5945Nous n'empruntons pas la voie normale, car 2 cordées bombardent le couloir, mais l'arête SW. Nous contournons la rimaye pour remonter une petite longueur de neige immiscée dans le "rocher", belles piles d'assiettes aussi fragiles qu'instables. Nous passons successivement 2 dièdres en III puis le cheminement se fait plus facile, bien que toujours délicat. Prudemment, nous tirons des longueurs dans les zones les plus expos. Après une courte redescente, nous nous retrouvons à la brèche où débouche le couloir, bien sec, de la voie normale. Nico tire une grande longueur dans du mauvais caillou puis dans de la neige. La suite est plus plate sur le fil de l'arête, sauf au niveau d'un ressaut en escalier, côté III, qui nous paraît plus facile. Restent  vingt mètres mais Pauline a besoin des encouragements de son compagnon pour se motiver car elle se sent fatiguée, le ventre vide...

 

IMGP5967A sommet, nous retrouvons deux français accompagnés par 2 guides. Ils nous expliquent qu'ils ont mis un peu de temps car les guides ont planté 3 spits (que nous n'avons pas vus) sur l'arête. Après quelques minutes, ils redescendent nous laissant savourer seuls des noix du Brésil et de la vue sur les montagnes alentour. A l'est, l'Amazonie se cache sous une mer de nuages. Il fait bon au soleil, on aurait envie de faire la sieste ici-même, mais il faut redescendre !

 

 

Regaillardie par l'instant et le goûter, notre cordée entame le chemin du retour, sans soucis sur l'arête faîtière. Seuls les soixante derniers mètres, jusqu'à la brèche, sont plus périlleux car aucun emplacement ne permet de poser une sangle pour un rappel. Nous trouvons bien l'emplacement d'un des spits, au sommet des difficultés, mais seulement la tige filetée. Les guides ont tout ramassé derrière eux ! Dommage, d'autant que Nico se fait chauffer le cou en moulinant, à l'ancienne, sa moitié (qui pèse le poids d'une entière (!?). Il déescalade ensuite...

 

 

A la brèche reste un spit, posé par d'autres et qui n'a pas été raflé. Nous tirons 30m de rappel pour prendre pied dans le couloir, d'abord étroit et en glace puis s'évasant en cône de déjections sales, parsemés de pénitents. La cordée précédente a tiré unrappel sur abalakov mais ils ont aussi retiré la cordelette. Seule IMGP5977Pauline descend en rappel tandis que les courageux déescaladent encore, le tout sur 90m, puis nous passons les rimayes, qui seconfondent avec les pénitents. Nous retrouvons un de nos sacs laissésur le glacier pour nous alléger et nous traçons rapidement jusqu'à la terre ferme, car il commence à faire chaud pour les ponts de neige. Nous retrouvons les français sur le début des cailloux, qui "nous attendent". Nous pique-niquons sommairement, avant de reprendre notre descente, sans passer par le même chemin qu'à l'aller : c'est plus facile par le nouveau sentier en rive droite du glacier. Nous ne regrettons pas d'être monté par le couloir, qui, bien qu'en piteuse condition, paraît beaucoup plus intéressant que cet immonde pierrier !

 

IMGP5988Assez rapidement, nous sommes au poteau blanc qui indique la bifurcation ratée à l'aller, puis la tente. Mathieu et Stella ne sont pas arrivés à leur sommet, car elle était brassée par l'altitude, tandis que Roger et Cristina ont pris un but au Pequeno Alpamayo, à cause d'un ressaut en glace. Christina est un peu frileuse dû à de nombreuses luxations d'épaule, alors... Nous mangeons un plat purement gastronomique : semoule + pâtes + soupe en sachet (lardons - lentilles) ! Bien câlés, nous nous effondrons, pour n'émerger qu'au lever suivant du soleil.

 

 

 

 

IMGP5992Au matin, Mathieu et des amis sont partis sur les traces des suisses en direction de l'aile droite (PD) du Condoriri, mais à 4h30 à la place de 2h30 ! De notre côté, nous plions la tente pour une ultime fois. Nous laissons le réchaud aux suisses et nous entamons le retour à la ville, juste derrière des anglais dont nous comptons profiter du véhicule. Nous les doublons, tranquilles, alors qu'ils bifurquent dans le fond de vallée, pour se faire prendre par leur chauffeur à un autre point de RDV, à 1h seulement du CB. Nous nous dépêchons en voyant partir le mini-bus, pour arriver à la route mais il en prend une autre ! Nous sommes dégoûtés, surtout pour les 500 m en footing chargés comme des mulets ! Nous poursuivons plus tranquillement jusqu'à Tuni, d'où le prochain colectivo partira que dans l'après-midi, à moins de prendre un taxi, qui ne se gêne pas, vue la situation reculée, pour faire grimper le prix. La situation est miraculeusement sauvée par un anglais (ou américain) qui rentre en beau taxi pick-up. Trois autres français profitent de l'aubaine et nous faisons le voyage-express (1h15, soit 3/4 d'heure de moins qu'à l'aller), dans la benne. Nous allons tellement vite sur la piste que la poussière ne parvient pas à nous rattraper !!!

 

 

 

Retour


IMGP6010Une fois à l'hôtel, nous réparons le tapis de sol de la tente puis nous mangeons, euh nous dévorons à El Amir, un autre marocain, assez bon marché. Nous réfléchissons à notre programme... Plus que 2 jours ! Nous aimerions visiter une vallée qui nous a été recommandée deux fois, la vallée de las Animas, mais nous manquons de temps. Nous finissons nos cadeaux, à deux près, ce qui nous prend beaucoup de la journée et nous cherchons notre copain Steph' et sa conquête argentine à leur hôtel, mais nous n'y trouvons personne. Dommage...

 

Le soir, nous avons RDV avec les suisses, mais quand nous sommes appelés par l'employé, c'est Steph' qui débarque ! Nous sommes très contents de le retrouver alors que nous avions espoir de le voir ! Cristina et Roger arrivent peu après pour la tente, mais ils sont indécis, car ils en ont trouvé une autre à vendre, moins chère mais moins bien et en plus, ils ont vu une fourgonnette WW à acheter ! Ils demandent un délai d'une journée supplémentaire de réflexion.

 

IMGP6016Nous partons tous les quatre pour rejoindre Steph' et Sabrina, afin de partager le repas. Nous trouvons un chinois, un peu "classe", surtout pour les franco-argentins, habillés style "comme chez mémé"... Mais en fait, les prix sont raisonables, surtout compte-tenu des bières vidées. La soirée se termine dans un bar, mais à une heure encore raisonnable car Steph' part demain pour le Huayna Potosi !

 

Dernier jour... Nous passons la journée dans les cartons... Comment faire rentrer un vélo dans un emballage de frigo ? Nous achetons les deux derniers cadeaux qui nous manquaient et nous en profitons pour nous en faire un : une flûte cheyenne (tribu canadienne, rien à voir avec la Bolivie ! ) fabriquée par notre "voisin du dessous", Agustin Porfillo, un luthier réputé ! Il est d'ailleurs vraiment serviable et nous discutons longuement avec lui. Il accorde tous les instruments de musique qu'il fabrique, contrairement à d'autres !

 

IMGP6029Les suisses ont fini par se décider et nous leur laissons la tente avec un petit pincement au coeur de vendre "notre maison". Mais elle aura une belle vie, encore en voyage ! Elle ira jusqu'à Ushuaïa, elle !!! En plus Roger et Cristina sont super sympas et le soir, ils nous offrent la pizza ! Nous ne regrettons pas de leur laisser notre coquille d'escargot ! Nous nous couchons vers 22h30, mais nous avons du mal à nous endormir... ce qui laisse peu d'heures de repos, d'autant que des fêtards nous réveillent 1h avant le réveil prévu à 5h ! Nous récupérons nos cartons, mais le taxi à qui nous avions réservé la course n'est pas au RDV. Nico nous dégotte un gars sympa et nous faisons le voyage avec un carton sur le toit, 1 à l'arrière et nous deux à la place avant droite... Mais nous sommes à l'heure !

 

L'enregistrement des bagages se fait non sans mal, surtout que le gabarit autorisé par TACA est ridiculement limité ! Il nous en coûte environ 500€ pour transporter nos montures, pour 150€ à l'aller ! Voyager low cost qu'y disaient ! On se demande s'ils n'ont pas compter tous les bagages en sur-poids ! (138kg au total). Mais ils acceptent... Ce n'est pas la fin des soucis, car les douanes ont choisi les cartons pour un contrôle inopiné. Ouf ! Ils n'ont pas de scotch, ce qui évite à Nico de tout démonter pour tout remonter. Après, c'est parti pour plus de 24h de vol : 1ère escale à Lima, où nous changeons au pas de course d'avion, car il y a moins de trente minutes entre les deux vols. Jusqu'à Caracas, nous sommes accompagnés d'un péruvien, Jaime, qui offre à Pauline une pierre correspondant à son signe archéologique (sic), non astrologique...

 

 

IMGP6039Au Vénézuela, 35°C ! Ca change de l'air frais de l'Altiplano ! Par chance, l'aéroport est climatisé, ce qui n'empêche pas les douaniers d'être cons ! Ils nous confisquent notre scotch, qui a passé trois contrôles de sécurité auparavant, le tout sans bonjour ni merci, ni aucune parole d'ailleurs. En plus, ils fouillent tous les passagers une 2ème fois avant de rentrer dans l'avion, avec une telle insistance que nous décollons une bonne heure en retard, pourla plus grande colère du personnel de bord. Nous sommes consoléspar la bienveillance des hôtesses et stewards et la qualité du service, y compris de la nourriture. Nous avons l'impression de manger au restaurant ! L'avion est envahi par lespompiers de Caracas en rouge, bleu et jaune, forts aimables car nous arrivons à leur échanger une place pour nous asseoirensemble.

 

IMGP6058Le vol se passe bien, Nico dort beaucoup ! A Francfort, nous attendons peu puis nous prenons notre dernière correspondance. Enfin sur le sol alpin ! Nous sommes presque au bout du voyage ! Nos bagages n'ont pas suivi, mais ce n'est pas grave : ils nous serons livrés directement à la maison. Au terminal, nous avons un beau comité d'accueil : Arlette, Geneviève et surprise : Céline, une délégation Desmet ! Elle a craqué et malgré son état, n'a pas résisté à accueillir son frère ! Nous sommes gâtés aussi, car le comité est venu chargé de chocolat !

 

Un petit trajet nous reconduit à Annecy et l'aventure est vraiment finie... pour cette fois-ci !

Un grand merci à tout ceux qui nous ont suivis et à bientôt...

 

 

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8 août 2010 7 08 /08 /août /2010 19:20

IMGP5665 Titicaca

De Cusco à l'altiplano

 

Cuzco - DesaguaderoNous voilà à l'orée de notre dernière étapeà vélo de notre voyage. Notre ultime point de chute avant de revenir en France, sera La Paz. Nous longeons l'aéroport de Cuzco, la circulation est dense, comme toujours aux abords des agglomérations. L'incivilité ou plutôt la bêtise de certains conducteurs nous énervent, ils n'hésitent pas à s'arrêter devant nous en nous faisant des queues de poisson ou s'amusent à nous frôler. Nous répliquons par des coups sur leur carrosserie.

 

IMGP5281 PikillaqtaAprès 30 km, un colombien, Hugo, voyageant également à vélo, nous double aisément. Il est assez peu chargé ("version light") et vient de passer deux mois à Cuzco. Il continue vers Juliaca puis Arequipa. Après la première partie en faux-plat descendant, nous amenant à 3100m, nous entamons ce qui doit être notre dernier gros col. Nous passons à côté IMGP5288 Pikillaqtade Pikillaqta (la citée de la puce), construite par la civilisation Wari (pré-inca, 600-900 après JC). Cet empire avait pour capitale Wari, à 25 km au nord d'Ayacucho (ou Huamanga en quechua). Cette cité fut le symbole et le centre administratif le plus important de l'état Wari dans la province de Cuzco. Elle comprenait à la fois un centre cérémoniel et le lieu de résidence des nobles, des prêtres et des travailleurs temporaires (intérim, CDD...). On peut y voir des murs aux pierres ajustées, comme quoi cette technique n'était pas une innovation des incas ! 

 

IMGP5331 Route...Nous rejoignons la vallée d'Urcos, ville bordée par une jolie lagune, et par là même, le río Vilcanota que nous allons suivre plusieurs jours, jusqu'à ses sources. En fin de journée, après 77 km, nous retrouvons Hugo, couché au soleil sur le bord de la route, casque de baladeur sur les oreilles. Avec lui, nous campons dans les ruines d'une hacienda appartenant à un péruvien de Lima et une espagnole de Cordoue.

IMGP5307 Raqchi 

Pendant le petit-déjeuner, notre ami nous raconte qu'il a eu la peur de sa vie durant la nuit : l'esprit de la maison lui aurait rendu visite (et lui aurait donné des fessées...) !!! A notre départ, il fait sa séance de méditation quotidienne, tranquille, alors que la veille il s'amusait de savoir que nous ne pédalions pas avant 8h30/9h.

 

 

IMGP5374 Bornes !!!Le paysage se jaunit au fil des kilomètres, c'est l'époque de la moisson (blé, avoine). Beaucoup n'ont pas de machines et récoltent à la main, faisant des gerbes coupées à la faucille puis des meules rondes, comme dans nos imagiers. La vallée est assez ouverte et les montagnes environnantes sont plutôt érodées et petites malgré l'altitude où nous nous trouvons (3700m). Après Combapata, où la veille les villageois bloquaient de la route pour dénoncer la privatisation de l'eau (ils ont bien raison !), nous rentrons sur un large plateau, toujours entourés de moyennes montagnes. Dans le village de Raqchi se situe le temple le plus grand et le plus beau construit en mémoire de Wiracocha Pachayachachi (faiseur du monde). Il est formé de 4 nefs de 92m de long et 25m de large. A l'intérieur de la structure, se trouve un mur médian formé de pierres sculptées et d'adobe de plus de 12m de haut. La structure est complétée par 22 colonnes cylindriques IMGP5327 Pont amazonienqui soutiennent les toits de ce temple de plus de 2300m2de superficie. Nous campons peu après la ville de Sicuani où nous avons rejoint Hugo qui flânait au bord du río. Si vous zonez sur la photo, vous verrez de petits personnages, mais pas sûr que Bart soit d'époque !

 

Moins de 40km nous sépare de l'Abra La Raya à environ 4310 m d'altitude (comme souvent les différentes infos ne coïncident pas : 4338, 4321, 4312...). Mais pour les kilomètres, c'est parfois aussi difficile que pour l'altitude de s'y retrouver ! Nous passons le long de sources d'eau chaudes, village bien nommé Agua Calientes (eaux chaudes !). Pour traverser le torrent, un pont amazonien en corde !

 

IMGP5345 Abra de La RayaLes cultures se raréfient pour laisser place à la pampa avec quelques sommets faiblement enneigés aux alentours. Le vent est toujours de dos, ce qui nous arrange bien. Au passage du col, nous quittons la région de Cuzco pour entrer dans celle de Puno et sur le fameux Altiplano. Après une petite descente, nous nous arrêtons pour le repas et Hugo, à cours de tout, profite bien de notre pain ! Nous roulons sur la grande plaine menant au Lac Titicaca, seulement quelques collines émergent. A part une partie sur la côte, vers Chiclayo, c'est la première fois du voyage que nous enchaînons les kilomètres à plat et cela, alors que nous sommes à 3900m d'altitude. Le soleil est accablant la journée, sans être chaud ; par contre, dès qu'il se couche, le froid se fait intense.

 

IMGP5405 Rio Pucará vers JuliacaNous trouvons refuge auprès de pauvres éleveurs : quelques moutons, une ou deux vaches et une maison en adobe. Ils fabriquent eux-mêmes leurs briques de terre crue. Notre compagnon colombien tente vainement de planter deux bouts de bois dans le sol sec pour installer son hamac. Il voyage sans tente ni sac de couchage. Heureusement les gens de la ferme lui prêtent des couvertures pour améliorer sa nuit. Il nous propose de préparer à manger avec notre réchaud, car il lui reste peu d'essence et pas de quoi en racheter. Nous acceptons mais il semble surpris que nous ne préparions rien de notre côté. Le dîner est frugal : 250g de pâtes à trois...

 

IMGP5393 Flamands rosesAu matin, nous partons une nouvelle fois avant lui mais cette fois-ci avec l'espoir de ne plus le revoir ! Il profite un peu trop de notre gentillesse à notre goût. Après un arrêt à Ayaviri, où les villageois fêtent des mariages tout le mois d'août, nous poursuivons le long du río Pucará où Pauline aperçoit ses premiers flamands roses (orientée par son compagnon, parce qu'elle a la tête dans le guidon !). Le paysage change peu mais les kilomètres défilent. Nous trouvons refuge pour la nuit près d'une ferme tenue par 2 femmes : elles ont un beau troupeau de moutons, avec beaucoup d'agneaux, quelques lamas et quelques vaches.

 

Le soleil réchauffe vite l'atmosphère de début de journée. En guise de petit-déj', nous assistons à l'exécution d'un mouton ainsi qu'à un cours sur son anatomie. Pauline ne se sent pas au mieux −pas à cause du mouton...− et nous pensons nous arrêter à Juliaca. Sur le chemin, un colectivo frôle de tellement près Nico qu'il lui arrache la fermeture de la sacoche arrière, nous sommes furieux, surtout qu'un peu plus loin, un jeune s'amuse à lui lancer une pierre. Il y a des jours où l'envie de rentrer se fait pressante.

 

IMGP5425 Mouton avant...Plus loin, nous faisons une rencontre qui nous redonne du baume au coeur : Michel et Sonia, 2 suisses. Ils voyagent également à vélo depuis 1 an. Ils ont visité la France, l'Espagne, Cuba, l'Argentine, le Chili, la Bolivie et finissent mi-septembre en Equateur. Michel a parfois aussi des envies de péruanicide... Sonia nous tempère en nous disant que la vie est comme ça par ici. Nous nous quittons, chacun dans notre direction. Nous atteignons le terme de notre étape, Juliaca, ville bien peu jolie. Nous y trouvons tout de même un hôtel avec une douche brûlante très agréable.

 

 

Sillustani

 

IMGP5557 Sillustani

 

IMGP5547 Chulpa écroulé SillustaniIMGP5493 Chulpa SillustaniLe lendemain, nous faisons peu de bornes pour nous rendre à Sillustani. Le site est un grand cimetière des époques pré-inca et inca. Les tombes, en forme de tours (Chulpas), se trouvent sur une presqu'île du majestueux lac d'Umayo. Pendant que certaines continuent les fouilles archéologiques, d'autres, malgré les interdictions,  trouvent une utilisation contemporaine à ces pierres empilées... L'endroit invite à la quiétude de part sa beauté et sa tranquillité. Les ancêtres andins n'avaient pas choisi n'importe quel endroit pour leur dernière demeure.

 

Sur le chemin, nous rencontrons des vaches aux moeurs spéciales : elles semblent beaucoup aimer le bain ! Nous voyons aussi de  petites haciendas, à l'architecture typique, qui offrent le gîte. Nous préfèrons le conort de notre tente.  

 

IMGP5458 Gîte SillustaniIMGP5573 Vaches dans le bain SillustaniNous trouverons à camper à l'Université agricole de Puno, entourés d'alpagas et de moutons. Près du site, nous pouvons également admirer les Warus-Warus , système d'irrigation datant de 1300 avant JC, qui permet d'augmenter les rendements sans utiliser d'engrais. Les peuples andins étaient vraiment des experts en agriculture intensive !

IMGP5483 Place rituelle inca Sillustani

 

 

Le lac Titicaca et la frontière péruano-bolivienne

 

IMGP5613 Baie de PunoL'axe Juliaca - Puno est l'un des pires que nous ayons emprunté. L'attitude des péruviens sur la route désespère Nico. Nous sommes sans arrêt klaxonnés et frôlés de vraiment trop près, puisqu'ils se croient invicibles. Pauline préfère faire du tire aux pigeons avec les voitures doublant face à nous. La vue sur le Lac Titicaca, superbe, compense notre peine. Il se trouve à 3812 m d'altitude, fait 175 km de long (204 km suivant les infos), 284 m de profondeur et couvre 8340 km2 (ou 8562 km2...). 4388 km2pour la Haute-Savoie, 5915 km2 pour la Seine et Marne, 27.6 km2pour le lac d'Annecy et 581 km2pour le lac Léman. Y'en a qui aiment les chiffres...

 IMGP5648 Vue real Titicaca

Nous passons assez vite Puno, puis nous suivons les berges du lac par Chucuito, la Cordillère Real en toile de fond avec l'Illampu et l'Ancohuma. Après 90 km, nous campons vers Cutiri, accueillis par une très gentille famille. Ils nous proposent de dormir entre 4 murs mais nous préférons notre tente (plus de 100 nuits passées dedans depuis le début du voyage). Ils sont étonnés et pensent que nous allons geler. Par ici, le dialecte a changé, on est passé du quechua à l'Aymara. Leur drapeau, bien que gardant les couleurs de l'empire inca (Tiwantinsuyo), est un damier, représentant .

IMGP5659 Titicaca 

Peu après notre départ, vers Juli, nous échappons de peu à l'imbécibilité d'un chauffeur de bus. A la sortie d'un virage, il empiète au 3/4 sur notre voie et nous loupe de peu... Nous avons qu'une hâte, c'est de quitter ce pays, ce qui est bien dommage. La rive est encore très jolie jusqu'à Pomata, ville philosophique de l'Altiplano..., nous apercevons la Isla Del Sol et Copacabana. Nous avons une pensée pour la maman de Nico qui n'a pas pu voir ce lac. Pauline fait beaucoup de photos pour lui en faire profiter un maximum.

 

IMGP5657 TiticacaNous nous arrêtons à Pomata pour prendre notre dernier almuerzo péruvien. Nico se fait accoster par une soeur de Saint-Vincent de Paul qui connaît quelques mots de français. Nous reprenons notre chemin, direction Desaguadero. Cette route est moins fréquentée et plus courte jusqu'à La Paz, que celle de Copacabana,et surtout nous permet de passer à côté du site de Tiwanaku. Les derniers kilomètres pour rejoindre la

frontière sont un peu pénibles avec le vent de face, mais nous

IMGP5682 Guaqui

sommes déterminés ! Les formalités administratives se passent bien, nous avons passés quasi 6 mois au Pérou et nous avons d'emblée 90 jours de visa en Bolivie alors que nous allons y rester que 15 jours. Nous continuons jusqu'à Guaqui, la route est agréable et les paysages sur le lac aux lueurs du soir sont superbes. Ça sera pas si mal pour aujourd'hui car nous cumulons plus de 100km à 3800m d'altitude, l'acclimatation semble bonne ! 

 

 

 

Tiwanaku

 

IMGP5747 Ovation porte de la Lune Tiwanaku

 

IMGP5739 Pachamama TiwanakuBolivie - Desaguadero La PazUne petite heure de pédalage nous amène à Tiwanaku (ou Tihuanaqu ou Tiawanaku, comme vous voulez, ici il y a souvent plusieurs orthographes pour un même lieu...). Ce site est la capitale Aymara ou de la civilisation Tiwanaku qui a existé sur plus de 2000 ans pour s'éteindre vers 900 après JC. Elle est une des origines de l'empire inca, comme la civilisation Wari.

 

IMGP5703 TiwanakuPour ce qui est des ruines, seuls le temple Kalasasaya, où l'on peut voir la porte du soleil, et le temple semi-souterrain sont intéressants. Le premier se compose de pierres impressionnantes, tandis que le deuxième comporte, insérées dans les murs, 120 têtes de pierre volcaniques anthropomorphes. Le reste n'est que ruines à moitié découvertes. Nous vous conseillons de prendre un guide pour mieux comprendre le site comme l'ont fait des amis. Quant aux musées, l'ancien est assez sommaire. Nous apprenons tout de même des hippocampes peuplent le lac Titicaca, preuve IMGP5686 Tiwanakuqu'il était probablement relié à l'océan dans des temps anciens. Par contre, le nouveau est carrément pitoyable : déjà en travaux car tout s'effondre... Par chance, la grande statue représentant la Pachamama, déesse de la terre, le Bennett, est accessible.

 

Après cette visite, un peu décevante, nous reprenons la route jusqu'à Tambillo, en passant le col Lloco Lloco à 4038m. De là, nous pouvons IMGP5775 Dernier col Llloco LLocoadmirer la plaine menant à El Alto, l'Altiplano continuant plus au sud et toute la cordillère Real, de l'Illimani à L'Illampu en passant par le Huayna Potosí entre autres. Seulement 50 km nous sépare de La Paz. Les émotions sont mitigées, nous sommes tristes d'être à la fin du voyage et heureux de bientôt retrouver nos familles et la douceur de la France. Nous profitons de notre dernière soirée sur la "route".

 

IMGP5729 Porte du Soleil Tiwanaku

 

LA PAZ !!!!!!!

 

IMGP5801 Ovejas TambilloLe froid est toujours vif au matin et seuls les premiers rayons, vers 6h30/7h (heure péruvienne !), nous permettent d'envisager de sortir du sac du couchage. Les boliviens sont beaucoup moins virulents (que leurs voisins péruviens) sur la route, par contre il y a IMGP5833 Illampu Tambillotoujours autant d'animaux écrasés. Les chiens sont les plus nombreux mais nous avons également vu une vache et un âne. C'est vrai que ces animaux débouchent  fréquemment et très rapidement sur la voie et qu'il est difficile de les éviter...

 

IMGP5865 Ladron La PazIMGP5856 LajaL'arrivée sur La Paz se fait bien, nous sommes doublés par un groupe de motos-taxi anglais que nous avions déjà vus au Titicac. Puis un camion en panne : le conducteur est resté au voalnt tandis que sa moitié a plongé dans le moteur ! L'Illimani et le Huayna Potosí domine majestueusement la capitale bolivienne qui débute par El Alto. Cette ville, située à 4000m d'altitude, regroupe la population pauvre de la mégapole. C'est sûrement le seul quartier pauvre à être situé sur les hauteurs par rapport aux zones riches ! Sa traversée n'en finit pas mais en pleine journée, nous sommes peu inquiétés. Est-ce à cause des avertissements en forme de pantin proclamant que tout voleur sera linché et brûlé ?  L'arrivée au-dessus de la cuvette de La Paz est impressionante. La citée s'étale sur des kilomètres et remontent de partout les flancs de la vallée. Nous trouvons assez vite un hôtel dans le IMGP5869 La Pazquartier touristique, les vélos sont mis au placard... Pauline aurait bien aimé continuer ; de son côté, Nico a plus besoin d'autres plaisirs sans mettre une croix sur ce moyen de transport pratique, écologique et assez valorisant tout de même (!). Pour nos 10 derniers jours, nous allons commencer par bien nous reposer, profiter de cette si particulière capitale et pourquoi pas envisager une ascension pour nous dégourdir les jambes !

 

 

IMGP5848 Gamin au fouet

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7 août 2010 6 07 /08 /août /2010 18:02

IMGP5121 Sacsayhuaman

IMGP5190 Plaza de Armas CuscoLe peuple de l'Inca voyait grand : Quosqo signifie, en queshua, le "nombril du monde". L'histoire ne nous dit pas s'ils ont raison... Quoiqu'il en soit, cette ville est chargée de son passé. A chaque coin de rue, on y trouve des monuments, principalement de l'époque de la Conquista. Les espagnols, un peu fainéants, ont cependant gardé les fondations et le IMGP5165 Fondations de Cuscosoubassement des murs précolombiens pour y asseoir leurs propres édifices : maisons bourgeoises, églises, couvents...

 

L'empire des fils du soleil fut plutôt court, pour autant que leurs descendants s'y retrouvent aujourd'hui. Il n'y eut que 14 Incas (le mot Inca signifiant "chef"). Voilà pour les repères :

  1. IMGP5149 SacsayhuamanManquo Qhapaq : premier Inca, mythique, qui serait sorti d'une caverne avec ses3 frères. Serait, avec Mama Ollco, sa soeur et épouse (bonjour l'adultère !)
  2. Sinchi Roqa
  3. Lloqe Yupanki
  4. Qhapoq Yupanki
  5. Mayta Qhapaq
  6. Inka Roqa
  7. Yawar Wakaq
  8. Wiraqocha
  9. Pachakuteq Inca Yupan :  nom signifiant "renversement de l'ordre du monde", 1er inca historique "certifié", rebâtit Cuzco. Règne dans les années 1430.
  10. Yanque Yupanki
  11. Tupak Inka Yupanki: règne de 1472 à 1493. Grand guerrier, poursuivit l'extension de l'empire. Aurait créé le système des "tambos", relais où des hommes à pied, les Chasquis, se passaient les informations, codées sous la forme de "quipu". Ces derniers sont une forme de pré-écriture, consistant en des cordes dont les noeuds et les couleurs consitaient un code unifié dans l'empire.
  12. Waynaqhapaq : règne de 1493 à 1525.
  13. Washar (ou Huscar) : règne de 1425 à 1530.
  14. Atawallpa : règne de 1530 à 1532, pendant la guerre avec son frère Washar II. Mourut le 29 août 1533, étranglé par es espagnols pour avoir jeté à terre une Bible.

 

IMGP5145 SacsayhuamanLe 22 juillet, après une journée repos (forcée pour Nico à cause du "mal de ventre"), nous partons à l'assaut de la culture ! Première étape : sexywoman, euh... Sacsayhuaman ou Saqsaywaman! Surplombant la cité, ce site se compose de grandes murailles, aux pierres énormes et ajustées de telle façon qu'on ne peut rien glisserentre ! Nous montons le long de la route, contournant la billetterie. En effet, il faut s'acquitter  d'une taxe pour entrer dans les ruines, construites entre les règnes de Tupac Yupanqi, Waynaqhapaq et Washar (de 1471 à 1530).

 

IMGP5154 SacsayhuamanComme nous n'avons pas envie de nous défausser de nos soles, nous regardons le site de loin. Outre les énormes pierres, on remarque facilement que c'était probablement un centre rituel. D'ailleurs, les chrétiens ont construit non loin de là une grande statue blanche, les bras levés au ciel : un saint ou un Christ ? L'endroit est propice à la religion. Puisque la balade est longue, nous interpellons un gardien, lui demandant notre chemin. Il nous fait traverser le site, puis nous nous mêlons à la foule et redescendons en ville, tout en longeant les gigantesques murailles. Nous avons vu beaucoup du lieu, pour pas un peso ! Nous lirons dans un guide que Sacsayhuaman aurait été aussi un dépôt militaire et qu'une lagune artificielle aurait été construite à des fins rituelles.

 

IMGP5171 La mercedL'après-midi, nous visitons le musée Inca, un peu bazar et où il est interdit de faire des photos ! Quelques momies, des poteries et des explications sur le Machu Picchu et Choquequirau. Rien de transcendant ! Sauf peut être la modélisation de Moray, un site agricole où une technique avait été mise au point pour cultiver des plantes de régions plus chaudes. Des terrasses s'étagent de façon concentriques permettant qu'au centre, la température s'élève (gain d'environ 5ºC/terrasse). Plus d'explications ici...

 

Le soir nous passons à la Casa Elena, un bel hôtel tenu par un français et sa femme, à la recherche de renseignements sur les conditions en montagne. Yves nous reçoit très gentillement et nous propose une journée de grimpe dimanche, sans lui car il a laissé de côté la montagne pour se consacrer au parapente ! Nous parlons un bon moment. Un couscous à l'alpaga conclue la journée.

 

IMGP5179 La mercedNous commençons paresseusement cette nouvelle journée, surtout Pauline qui apprécie de boire des cafés avec Marie la Bretonne sur la terrasse ensoleillée ! Nous visitons les marchés artisanaux, à la recherche d'une ceinture pour le pantalon de Pauline. Au final, nous achetons le cordon qui attache toutes les ceintures d'une petite mamie de vendeuse. "Modèle unique" nous dit-elle !

 

L'après-midi, nous croisons fortuitement Marie que nous entraînons visiter le couvent de la Merced. Nous y voyons un beau bâtiment, avec des peintures pas toujours catholiques ! Beaucoup traitent des enfers, avec des représentations monstrueuses de gens se faisant dévorer et/ou torturer. Le clou du spectacle est pour beaucoup le merveilleux trésor : tabernacles, encensoirs, custodes (porte-hostie)... Une de ces dernières pèse 22kg, dont une bonne partie en or, ornée de plus de 1500 diamants et 600 perles. On vous passe les rubis et autres pierres précieuses. Cependant nous sommes loin de ces considérations vénales et pour nous, le meilleur consiste en le fabuleux dallage de pierre d'une des salles, qui nous aura permis des glissades magistrales !

 

IMGP5167 La mercedNous terminons par la visite de l'église, où se déroule la messe. Les péruviens font une très forte consommation d'eau bénite d'ailleurs!  Les Jésus sont sanglants et d'autres sont entourés de peluches ou autres donations symboliques pour qui veut s'attirer les bonnes grâces du ciel. Durant la nuit, pas de chance, Nico est de nouveau malade. Nous loupons le rendez-vous avec le Club Andino, club de montagne cusquénien. Nous ne connaîtrons pas les falaises du coin, ni même les montagnes car nous décidons de ne pas tenter d'ascension compte-tenu des maladies récurrentes. Le pauvre Nico repasse une journée entière au lit !

 

IMGP5202 Défilé CuscoLe lundi, ça va un peu mieux. Nous mangeons au marché avec Marie et nous y trouvons le bonheur de Nico : un beau Wiphala, aux couleurs de tawantinsuyo. Traduire : drapeau représentant l'arc-en-ciel de l'empire inca réuni. Ce sont des bandes de couleur horizontales, tandis que les différentes régions (ou suyo) avaient un drapeau en damier, représentant eux aussi l'arc-en-ciel.

 

Le soir, c'est encore luxe. Nous mangeons de nouveau avec l'amie Marie au Kukuli puis nous complétons notre repas par IMGP5212 Défilé Cuscoquelques crêpes-dessert. Au petit-déjeuner, rebelotte: nous finissons la pâte, à grand renfort de chocolat. Marie boucle ses bagages alors que nous partons visiter les "salinas", dans la vallée sacrée.

 

Nous traversons la ville en plein milieu des festivités. C'est la "semaine patriotique", mieux que la fête nationale, qui dure elle déjà deux jours (28 et 29 juillet). Ça permet aux perúnaos de faire plus de défilés, dont ils sont très friants, et de boire aussi plusieurs soirs d'affilé ! Il y a même les pompiers ! Coucou David !

 

IMGP5229 SalinasNous prenons le bus pour Urubamba puis sur quelques kilomètres un collectivo, qui nous dépose au pied du sentier. Nous ne faisons que croiserles promeneurs ! Beaucoup se font déposer à l'autre entrée... tandis que nous, après une bonne demie-heure de balade, nous débouchons sur les salines, sans passer par la case "billet". Encore 10 soles d'économie ! L'eau d'un ruisseau passe sur les différentes terrasses et dilue le sel du sol, alors IMGP5240 Salinasrécolté par les exploitants. Les 4000 bassins étaient exploités avant même les incas.

 

La fin de journée se passe à préparer notre départ pour le jour suivant et la soirée à discuter avec des seine-et-marnais qui reviennent en famille du Machu Picchu, par les chemins détournés de Santa Teresa. Ce sont de grands voyageurs qui ont pris le trans-sibérien lors d'un périple.

 

 

 

IMGP5237 Salinas

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21 juillet 2010 3 21 /07 /juillet /2010 22:22

IMGP4590 Plaza de arma Ayacucho

Ayacucho-Abancay 

 

Ayacucho - CuzcoIMGP4615 Llama museo AyacuchoCette ville d'Ayacucho a son charme avec ses multiples églises, sa place d'armes, ses rues piétonnes et l'architecture du centre. Nico prend sur lui pour aller visiter le musée d'anthropologie qui se révèle intéressant tout compte fait. Il retrace l'histoire de l'homme sur le continent sud-américain, ses modes de vie successifs, ses différents peuples : Wari, Chavín, Tiwanacu, Cupisnique, Lambayeque, pour finalement arriver aux Incas et à la conquête espagnole. On trouve des restes archéologiques sur ce continent, datant de l'homme de pierre (30000 avant JC). Le musée expose de belles poteries aux motifs parfois surprenants (on croirait du Geluck !), certaines d'usges courant et d'autres richement décorées probablement d'utilité rituelle, ainsi que des crânes déformés ou trépanés, pour des motifs religieux ou médicaux. Le plus fou IMGP4629 Momies museo Ayacuchoest de savoir qu'ils réussissaient à guérir certains troubles neurologiques ! De la même façon que les égyptiens, les peuples sud-américains momifiaient leurs morts, laissant derrière eux des corps bien conservés, aidés aussi par le climat frais et sec.

Nous sommes de retour à l'hôtel à temps, ouf !, pour voir Uruguay-Hollande. Il faut de la culture pour tous !

 

IMGP4675 camionUn cruel dilemne s'impose à nous, sachant les 400 km de piste qui nous attendent jusqu'à Abancay. Nous décidons à partir en IMGP4677 Abra Tocctovélo mais après 30 km de montée très très poussiéreuse et vaincue par les spasmes abdominaux, Pauline fait du camion-stop nous entraînant sur la voie de la facilité, non moins poussiéreuse. Nous descendons du camion aussi blancs que la route... Nous réenfourchons les vélos jusqu'à une petite lagune à plus de 4000m pour poser la tente. Certains courageux se lavent même dans le lac à l'eau presque tiède.

 

IMGP4686 Descente sur OcrosAu réveil, Pauline toujours malade, nous nous limitons à la grande et très belle descente sur Ocros. Sur la place du village, nous assistons aux exercices de défilé militaire des élèves du primaire. C'est IMGP4694 Cochenilleplutôt folklorique surtout que les profs se prennent au sérieux pour épater les gringos. Pas motivés pour continuer à bouffer de la poussière, ni pour affronter les hordes de moscas enragées, nous prenons le bus le lendemain à 11h pour Abancay avec une correspondance à Andahuaylas. Nous débarquons de nuit dans un hôtel, devant lequel sèche de la cochenille. Nico réclame une serviette pour la douche, le veilleur lui propose la sienne pour 1 sol. On finit par lui en filer une de la taille d'un gant de toilette...

 

Nous prenons le petit-déjeuner au marché chez une mamita, très rigolote, du nom de Josia. Quand nous voulons la payer avec un billet de 100 soles, elle nous répond que pour le prix elle nous laisse son échoppe ! Un papy essaye de marier sa fille à Nico ensuite, ce qui amuse bien la galerie...

 

 

Choquequirau

 

IMGP4702 L'étape suivanteLe 09 juillet, nous entamons la montée au col qui surplombe Abancay. Chemin faisant, Nous croisons une 2CV décapotable ! 2 jeunes français, Quentin et Tristan, sont partis de Saïgon où ils ont récupéré la voiture laissée en 2006 par une autre équipe lors d'un IMGP4744 Abancayprécédent voyage (Paris - Saïgon). Ils comptent rejoindre Paris. Nous avançons encore quelques petits kilomètres lors de cette courte journée de vélo pour nous arrêter dans un endroit bien vert. Un gamin, Yoel, coupe l'herbe à cyu, l'alfalfa, sous l'oeil attentif de son grand-père. Nous mettons la tente juste à côté...

 

 

IMGP4746 Cordillera VilcabambaLe jour suivant, nous en finissons avec ce col (3970m) de 1600m de dénivelé et 36km de long dont nous pouvons admirer les sommets enneigés de la Cordillère Vilcabamba, le Salcantay étant son point culminant (6271m). De là, nous plongeons vers Cachora, village de départ pour le site inca de Choquequirau ou Choquicarao (ou comme tu veux l'écrire, car ici, l'orthographe c'est plutôt du style aléatoire) et nous arrivons juste à temps pour voir la finale Hollande - Espagne, qui n'atteint pas des sommets (c'est du foot !). Nous rencontrons IMGP4788 Vallée de l'ApurimacVincent et Marine, revenant du site, subjugués par l'énergie qui en ressort. Faut dire que le San Pedro (cactus hallucinogène) les a bien aidés... Le soir nous sommes invités à fêter la vierge du Carmen, arrosés de Chicha. Nous nous esquivons rapidement pour nous reposer en vue de la rando du lendemain.

 

IMGP4820 Playa RosalinaPour débuter, un vol de perroquets nous surprend ! Un long plat de 12 km mène au mirador Capuliyoc, jolie vue sur le rio Apurimac, puis nous rejoignons la Playa Rosalina, vers 16 h, après 10 km de descente en plein Nord donc en plein cagnard. La nuit est douce et agréable. On regretterait presque d'avoir pris les sacs de couchage...

 

Au réveil, nous sommes attendus de pieds fermes par les moscas embusquées IMGP4896 Choquequiraudevant la moustiquaire et nous ne traînons pas dans la montée raide pour en réchapper. Ce versant-là, ombragé par la selva (forêt), offre une fraîcheur bien agréable. A Marampata, nous cherchons un menú qui nous est proposé à 10 soles ou l'oeuf à 1 sol (au lieu de 4 pour le même prix...) : nous mangeons notre pic-nic ! Au détour du chemin, nous apercevons enfin les ruines. Une heure nous permet de relier ce dernier village au camping du site où nous nous reposons le reste de la soirée.

 

IMGP4965 Lamas blancsLa visite du site commence par de majestueuses terrasses qui étaient des zones de cultures auparavant. Puis nous débouchons sur la place principale. Un petit tour par la maison des prêtres (casa del Sacerdote), on évite la maison de la puce (pikiwasi), on ne sait jamais, et descente vers d'autres terrasses ornées de lamas blancs. Nous IMGP4991 Choquequirauterminons la balade par les ateliers et les habitations pour les riches. Celles des basses classes de la société n'avaient que le soubassement des murs en pierre, le reste de la construction étant en IMGP5031 Balcons Cachoraadobe (brique de terre crue). Une fin de descente de nuit nous permet de rejoindre le camping de Santa Rosa, tenu par l'agréable et le perspicace Julian.

 

Au matin, nous croisons Kamil, un polonais rencontré la veille. Il visite le Pérou en 15 jours. C'est un batelier naviguant entre son pays, l'Allemagne et la Hollande. Nous espérons le rejoindre à Cuzco. La mule de son arriero s'est fait mordre par un vampire (chauve-souris). Une dernière journée harassante nous ramène à Cachora où nous nous reposons deux jours à l'hôtel, non sans avoir attrapé des puces en mangeant un papipollo.

 

 

Cachora-Cusco

 

IMGP5042 LimatamboUn taxi-collectif (8 pers. dans une Corolla) nous évite la partie de piste et nous profitons d'une très longue descente jusqu'au Río Apurimac (lit du fleuve à 2000 m d'altitude) où nous sommes assaillis par les moscas. Et là, la montée recommence pour 12 km et 400 m de dénivelé gagnés sur l'étape suivante. Nous sommes accueillis par Marcelino qui nous propose son jardin pour camper. Sa femme nous offre un papipollo pour le dîner.

 

Le réveil est avancé pour profiter de la fraîcheur matinale et de la léthargie de certains insectes... A la sortie de Limatambo a été érigé le site de Tarawasi où nous pouvons admirer les premiers murs de pierres jointes. Après 36 km de montée et 1300 m de dénivelé, nous avons l'énorme satisfaction de déboucher au col. Malheureusement, il manque 50 km jusqu'à Cuzco et nous en ferons IMGP5060 Col avant Cuzcoseulement 20 pour finir dans un champ infesté de puces. Encore une victoire du monde des insectes sur celui des hommes !

Après un guerre rangée contre les malvenues, une demi-journée nous permet de gagner la très belle citée de Cuzco où nous faisons la connaissance d'un couple de lauzannois ainsi que de Marie, la bretonne.

 

IMGP5090 Cuzco

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5 juillet 2010 1 05 /07 /juillet /2010 20:33

IMGP4508 Mantaro

 

Jauja - AyacuchoFinis les matchs de foot à Jauja : nous repartons le mardi 29 juin, juste avant l'anniversaire d'Alain, de Mireille et de Françoise. Nous empruntons la route rive gauche du Mantaró et les kilomètres défilent avec plaisir, puisqu'il nous faut 2h pour atteindre Huancayo, à une bonne quarantaine de bornes. La ville semble plutôt agréable. Cependant, nous ne nous arrêtons que pour demander renseignements à la police quant à la direction à prendre.

 

IMGP4476 PampacruzA la sortie de cette grande agglomération, nous nous trompons ce qui rajoute 5 km à notre compteur. Pause déjeuner pour profiter du bon pain de Jauja, juste avant d'attaquer la montée, car la route fait faux-bond au Mantaró. Bien que la côte soit raide, les paysages nous ravissent : le blond des blés mûrs contraste avec le rouge de la terre. Vers 15h30, après Cullhuas, nous trouvons un terrain d'herbe derrière des maisons. Nous n'y rencontrons que 2 enfants, Edmilia (8 ans) et son frère Rafael (12 ans), avec lesquels nous entamons un match de foot, difficile pour nous car nous sommes à 3650m. Nico va acheter du Kola Real à "déguster" ensemble pour nous IMGP4487 Champs Acostamboremettre de nos efforts. 

 

Le reste de la famille rentre des champs un peu plus tard : la maman et l'oncle, le père travaillant à la mine vers Arequipa, rentre rarement. Du coup, la tante s'arrête discuter, ainsi que les voisins. Ils sont intéressés et agréables, surtout que pour une fois, on nous appelle tio et tio (tonton et tata) plutôt que gringo et gringa !

 

 

IMGP4482 Abra TelleriaLe lendemain, il ne reste que 9 km avant le col, abra de Telleria, à 3911m. S'en suit une descente vertigineuse, d'abord fraîche puis la température s'élève quand nous rejoignons le Mataró, à la vallée encaissée. Nous allons jusqu'à IMGP4491 Descente vers le MantaroIzcuchaca, oú nous hésitons un peu : soit remonter à Huancavelica, soit continuer à suivre le fleuve. Nous optons, après le repas, pour la deuxième solution. Nous quittons le goudron  pour la terre. Encore 20km avant de trouver refuge devant la maison d'un couple aux nombreux enfants. Ils nous offrent une brassée de grenades. Nous passons la nuit surveillés par un drôle d'oiseau...

 

IMGP4498 IscuchacaRéveil au clairon, joué par le fils qui s'en va à l'école, à la demande d'un petit malin qui veut en tirer une du lit ! Au petit-déjeuner, le monsieur nous offre un peu de cancha, maïs grillé. Nous partons vite pour profiter de la fraîcheur matinale. La piste devient de plus en plus mauvaise : la poussière infernale, parfois sur plusieurs centimètres d'épaisseur, nous étouffe quand nous croisons d'autres véhicules et piège nos roues, provoquant des dérapages. Nous passons devant un barrage, interdiction de faire des photos, l'armée veille ! Plus bas, l'eau est donc beaucoup plus propre. Nous regardons pour trouver un coin où se baigner mais c'est peine perdue : un ruisseau à l'onde douteuse salit notre rêve... Nous nous arrêtons pour le pique-nique mais la pause sera de courte durée : nous sommes véritablement assaillis par les moscas, les mouches piquantes. Nous mangeons en marchant, habillés malgré la chaleur et nous repartons aussi sec. Malheureusement, la fin de l'étape est éprouvante. La vallée est comme un four et IMGP4526 Polila piste s'élève sur la rive gauche pour desservir quelques pauvres maisons. Pauline commence à être malade, ce qui n'arrange rien. Heureusement que son compagnon vient l'aider ! Ce n'est pas comme ces satanées piqueuses qui profitent de notre lenteur pour se régaler... Dans la dernière côte, Vomito fait son grand retour !!!

 

Nous trouvons une "auberge" à 8 soles la nuit, à Anco - La Esmeralda : douche froide et hygiène relative, mais c'est la moins pire. Nico mangera tout seul ce soir-là... Mauvaise nuit. La basse-cour de 5 à 6 filles qui a envahi la chambre de notre voisin, piaille à qui mieux-mieux jusqu'à ce que Nico, à 1h du matin, les prie de se taire.

 

IMGP4546 PoliLa journée suivante, Pauline reste une bonne partie du temps au lit mais elle arrive à remanger. La chambre est une zone tranquille, sans moscas, qui ici, persistent dans le village-même. Dans l'habitation jouxtant la nôtre habite un être un peu spécial : Poli, un perroquet androphobe. Si les filles arrivent à l'approcher, Nico reçoit des coups de becs à chaque tentative pour le toucher. Nico part ensuite chercher un "net". Pas de ligne téléphonique dans le village ! Il finit dans les bureaux de la mairie qui sont connectés grâce au satellite. Il apprend que la Hollande a battu le Brésil ! Pour le dîner, nous mangeons au restaurant "les camionneurs" (los camioneros), à l'image de la patronne aux gros bras ! Nous mettons le réveil pour partir au plus tôt, tactique pour éviter les insectes.

 

IMGP4512 Mantaro7h45 : départ ! Nous nous sommes badigeonnés de répulsif mais son effet est de courte durée, même s'il fonctionne 8 heures durant dans les cas normaux. La piste joue aux montagnes russes : montée-descente montée-descente... Vers 11h, nous atteignons Mayocc, rebaptisée par Nico "l'enfer des moscas". Elles pullulent : impossible de rester dehors. C'est le dernier village avant Huanta. Aussi, malgré l'heure précoce, nous mangeons à l'abri, un menú. Au moment de repartir, la manoeuvre de la remorque fait céder une des pièces, probablement fragilisée par les maintes secousses. Par bonheur, nous rencontrons un homme âgé chez qui le soudeur du coin travaille. Il nous fait une réparation rapide pour 10 soles, nous permettant de poursuivre notre journée.

 

IMGP4564 hospedaje HuantaNous puisons dans nos réserves pour en finir -ça monte sur 15 des 30 km- et retrouver le goudron, promis par le Routard à partir de Huanta jusqu'à Cuzco. Il fait toujours chaud et la poussière nous colle à la peau. Nous arrivons vidés à destination à plus de 16h. Objectif : coca et pain, avant même de trouver un hôtel. Nous sommes sur la place d'armes, où viennent discuter 2 jeunes frères, cireurs de chaussures le week-end. Peu après, nous rejoint un vendeur de glace, un deuxième, puis un moto-taxi et un débarquement de jeunes filles gloussantes. Ahhhhh ! Nous nous enfuyons à l'hôtel, sur la même place, envahi par des bambous, les cactus et des chats. Pour fêter nos retrouvailles avec le goudron, nous mangeons des lasagnes à la pizzeria !

 

La sortie de Huanta est une grosse montée, qui démarre raide pour nous chauffer les cuisses et se calme ensuite. Un moto-taxi nous interpelle : ce sont des allemands, Daniel, reporter et Vanhart, mécano, qui veulent aller dans cet engin, en 3 semaines, jusqu'au Paraguay. Ils ont quitté Lima il y a 5 jours, déjà avec quelques soucis mécaniques, même si leur véhicule est neuf. Daniel a déjà fait en vélo Alaska - IMGP4570 Campo de HuantaUshuaïa, il y a 2 ans avec sa copine. Ils nous prévient que la prochaine portion, Ayacucho - Abancay, a été la plus dure de tout le voyage : 400 km en terre ! Le Routard nous a trompé : pas de goudron pour la suite ! Nous sommes écoeurés...

 

La montée se termine par un col aux environs de 3000m et nous nous faisons plaisir dans une belle descente, jusqu'au fond de vallée, où nous retrouvons le duo terrible : chaleur et moscas, jusqu'à à Ayacucho, la ville aux 37 églises et berceau du célèbre "Sentier lumineux", qui semble reprendre.

 

 

P.S. Bon anniversaire à Anne-lise et bon rétablissement à David !

IMGP4573 Allemands

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24 juin 2010 4 24 /06 /juin /2010 22:04

 IMGP4302 Bosque de Piedras - Huayllay

 

  Huanuco - Jauja

IMGP3886 Huanuco-AmboNous déjeunons au café San Luis, déjà testé la veille au soir, pour déguster à nouveau les "tamales" et les "humitas" (spécialités à base de maïs). Puis nous sortons rapidement de Huanuco, direction Junín. La route est un peu fastidieuse au soleil, encadrée de flancs de montagnes secs de type marocain. Nous pique-niquons les pieds dans le caniveau sous les klaxons des véhicules, façon péruvienne, un peu pénible, de se saluer... Pauline fait un bout de route avec un jeune laveur de voitures en vélo et quelques kilomètres plus tard, nous nous arrêtons boire un coup dans un bled où Nico peut apercevoir quelques instants du match déplorable de l'équipe de France face au Mexique. Nous pédalons encore un peu pour trouver un emplacement propice au campement dans une petite forêt. Le jeune garçon, de la maison proche, nous vend des grenades et plus tard il reviendra avec des patates et de l'avocat à nous offrir. Il nous fait bien rigoler parce qu'il appelle Nico "tío" (tonton).

 

IMGP3895 Colibri Huanuco PerúIMGP3922 Ancien moulin Cerro de PascoAu matin, c'est sa petite soeur qui vient nous chercher pour un petit-déjeuner à base de patates frites que seule Pauline s'enfilera (deuxième service après l'avoine au chocolat !). Nico se laisse juste tenter par une tisane pour calmer ses maux de ventre, la journée sera difficile pour lui. Nous mangeons tard dans un routier très classe à la télé gigantesque, mais sans football. Nous passons quelques villages miniers pour finir à la Quinua (village qui tire son nom des arbres à écorces antigel, les quinuales).

 

Une gentille dame nous accueille dans son jardin, elle possède une ferme de cuyes (cochons d'inde). Son fils, accompagné de 2 copains borrachos (ivrognes), perturbera son début de nuit ainsi que le nôtre. Nous continuons notre ascension vers le plateau de Junín, route encadrée de superbes falaises et surplombant un torrent autrefois utilisé pour moudre le grain, et nous arrivons, 24km plus haut, IMGP3932 Col Cerro de Pascoà un col à 4400m. La température change !

Bien couverts, nous attaquons la descente, jalonnée de villages miniers, en évitant Cerro de Pasco. Motivés par la carotte, nous poussons jusqu'à Canchacucho, porte du Bosque de Piedras de Huayllay. Dès l'entrée du village, nous sommes arrêtés par Percy et Liz devant l'office du ministère de l'environnement. Notre hôte est un des gardiens du "sanctuaire national" de Huyallay et sa femme, institutrice en vacances, l'a rejoint pour une semaine. Ils nous accueillent et nous permettent de camper derrière la maison (accessoirement, ils accueillent aussi un nid de souris qui viennent se servir allègrement dans nos sacoches).

 

 

IMGP4008 Bosque de Piedras - HuayllayAu petit jour, nous sommes réveillés en fanfare. Non, non, ne rigolez pas, la tradition, lors de la fête annuelle du village, est de rassembler ainsi tous les habitants pour le petit-déjeuné arrosé de Piña Colada et autres cocktails locaux. Après la visite de la rue principale en dansant (oups...) nous faisons la rencontre de Maruja, maire du village et guide touristique. Au menu : soupe de pâtes, suivie de "mote" (maïs cuit à l'eau) et de pachamanca (viande d'alpaga ou de mouton, cuite sous la terre, parfois pendant 15 jours). Bien rassasiés, nous nous esquivons pour aller grimper avec notre guide. Maruja nous fait la visite des voies puis surpervise nos essais d'un oeil attentif. Le rocher est absolument somptueux, pleins de trous engendrés par l'érosion dans cette roche à 90% volcanique (10% de IMGP4272 El Basco - Bosque de Piedras - Huayllaysable et de craie). Seul l'équipement laisse parfois à désirer, disons qu'il faut aller chercher le premier point.  

Après cette première session, nous rentrons en catimini (pour éviter la beuverie) juste à temps avant un violent orage de grêle. Nous troquons nos cordes contre le savon pour nous rendre aux bains thermaux de la Calera. Au passage, nous faisons la rencontre de Nestor et Alba, 2 espagnols, en voyage vers le sud et Leo et Alba, 2 catalans, qui restent sur le site, grimper quelques jours. Comme à Monterrey, on a le choix entre la piscine et les bains publics où nous nous décrassons après avoir bravés l'eau brûlante. De retour, bien délassés, nous nous écroulons dans notre tente.

 

IMGP4188 Bosque de Piedras - HuayllayPour le deuxième jour de grimpe, nous invitons Liz, Percy, leur fille Ximena et Jose, le 2èmegardien, à se joindre à nous. Nous récupérons la corde de couenne de Maruja, IMGP4140 Bosque de Piedras - Huayllayainsi que Leo et Alba. Nous posons une corde dans un 5+ où les débutants s'essayent chacun leurs tours. Après une bonne séance, tout le petit monde va manger un almuerzo puis nous revenons seuls pour finir par 2 belles longueurs.

 

C'est l'ultime jour de fête à Canchacucho, les noceurs sont clairsemés, on compte plus de musiciens que de danseurs... Nous passons prendre Leo et commençons par les voies de la veille. Puis notre ami hispano-colombien équipe une belle fissure, avec nos jeux de friends réunis, que l'on gravit en moulinette. S'en suit une superbe longueur en 6b+ où il est préférable de grimper que d'assurer, vu la caillante. La session nous achève par une voie en toit courte et physique. Pour le dîner, on achète du gâteau au chocolat pour se refaire les bras ! Le soir même, nous passons une agréable soirée avec Jose qui s'avère être un ornithologue averti (ou un fanatique de piafs pour d'autres...) et nous renseigne sur les différents volatiles et autres rencontrés depuis Quito.

 

IMGP4330 Bosque de Piedras - HuayllayNico s'envoit la lessive à l'aube et à l'eau glaciale en ayant une pensée pour nos aïeux qui faisaient ça dans les torrents. Nous partons pour la visite des peintures rupestres du Bosque avec Alba et Leo mais on aura beau chercher, à part 3 graphitis, on ne trouvera que des blocs à grimper. La journée au grand air, frais, nous creuse et nous faisons du stop pour Huayllay pour nous envoyer un "pollo a la pobre" (poulet, riz, frites, bananes, saucisses, oeufs...) arrosé de Cabernet Sauvignon chilien. Nous nous motivons pour aller aux bains thermaux pour un ultime récurage avant le vélo du lendemain.

 

Huanuco - Jauja surAprès nos adieux à Jose, nous revenons sur nos pas pour récupérer la route de Cerro de Pasco à Junín. Nos amis catalans nous doublent en taxi, ils poursuivent vers le nord, Panama, Nicaragua, Mexique. Après une halte restaurative à Ninacaca dont l'église au toit de chaume est surprenante, nous continuons le long IMGP4386 Iglesia Ninacacadu lac de Junín. C'est l'habitat du zambulador, canard endémique, de la grenouille géante, mesurant jusqu'à 50cm (cuisses à tester !), ainsi que des flamands roses et des oies andines. Nous faisons une seconde pause à Carhuamayo pour que Nico confirme son retour à SNR en octobre. Choix cornélien mais guidé par les raisons de l'avenir. Nous débusquons un endroit paisible au bord du lac, derrière une maison abandonnée voir hantée car nous entendons des bruits de pas au grenier. Le vieux du coin la désosse avec son tournevis et sa pince et nous demande 10$ pour dormir à côté. Après de rudes négociations, il rentre chez lui, tournevis entre les jambes. Nous passons une nuit fraîche, gardés par un vieux lama

 

 

IMGP4406 Maison hantéeNotre sortie de tente affole les ibis du lac mais rien ne vient nous réchauffer pour cette journée de vélo. Junín s'avère être une ville laide et sans intérêt. Un peu après, nous longeons le champ de bataille de Chacamarca où est érigé un obélix en mémoire d'une bataille entre les péruviens et les espagnols, 1erpas vers l'indépendance du Pérou. "La plus grande oeuvre que Dieu IMGP4422 Lama - Lago de Junínait commandé aux hommes" proclame un panneau... La route file, s'enfoncent petit à petit dans une vallée aux falaises calcaires pour aboutir à La Oroya, fabuleuse citée pétrochimique. Nous passons notre chemin pour achever cette de étape de 90km à côté de la station de pesage du ministère des transports. Nous nous endormons, berçés par le moteur du groupe électrogène, des aboiements d'un chien et les gaz des camions.

 

IMGP4451 La OroyaAu réveil, Nico a des tendances meurtrières envers ce chien stupide. Nous enchaînons rapidement les kilomètres le long du fleuve Mantaro, qui s'écoule tranquillement vers l'Amazonie, Pauline aperçoit un cimetière haut perché dans une des nombreuses grottes de la vallée, ce qui lui donne des envies de pillages archéologiques. La gorge s'élargit, le lit du fleuve s'aggrandit et les pentes des collines environnantes se couvrent de reliquat de terrasses pour aboutir à la plaine de Huancayo. Nous optons, pour nous reposer, pour Jauja, première capitale péruvienne décrétée par l'empire espagnol. Nico fait de l'oeil à la propriétaire de l'hôtel, sans savoir qui elle est, et par la même, nous dégotte une chambre avec la télé pour les matchs de la coupe du monde, à prix modique.

 

Voilà, il faut quand même vous avouer quelque chose. Pour pouvoir faire autant de kilomètres, nous nous dopons... Et nous avons essayé déjà de nombreux fournisseurs !

IMGP3915 Dopant 

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16 juin 2010 3 16 /06 /juin /2010 16:11

IMGP3695 HugoLes derniers moments à Huaraz nous paraissent longs, nous n'avons qu'une envie : reprendre la route et voir du paysage. Heureusement nous avons la chance d'aller faire du bloc à Huanchac avec Hugo. Nous devions monter à Pitec avec sa voiture mais le gardien, prévenu à l'avance, n'est pas là pour lui ouvrir son garage... De notre côté, cela IMGP3704 Jeu de la rampefait trois jours que nous nous réveillons avec les pieds dans l'eau, à cause d'une fuite à l'étage. Tout le charme péruvien condensé dans ces deux anecdotes.

 

Nous commençons par nous échauffer sur un bloc que nous avions déjà reconnu. Mais là, Hugo nous montre les techniques, c'est beaucoup plus facile, quoi que, en fait ça semble plus facile parce qu'en action ça se complique... Nous finissons sur le haut du site par une voie en surplomb, un départ assis où Nico s'acharne et un jeu à partir d'une rampe. Belle session de blocs, la compagnie d'Hugo y est pour beaucoup et nous le remercions de tous ses précieux conseils prodigués, ainsi que ceux de Karine, sa femme, pendant ce séjour à Huaraz.

 

Huaraz - HuanucoJeudi 10 juin, nous revoilà sur les vélos ! Adieu la famille Castro ! Nous connaissons la première partie de l'étape grâce à nos passages aux Nevados Gueshgue et à Antacocha. Nous faisons la pause déjeuné à Recuay en parlant de foot avec les jeunes du village. L'un d'eux connaît les joueurs de l'OL, Nico essaye de donner la réplique pour ne pas paraître trop ridicule.

 

IMGP3719 Péage CatacL'après-midi, nous passons par Catac où commence la découverte de nouveaux paysages. C'est plutôt sec (la pampa) mais la Cordillière Blanche et les massifs du IMGP3743 Cordillera HuayhuashPongos / Gueshgue sont superbes en toile de fond. L'ancien péage de la route nous sert de refuge pour la nuit, nous campons juste derrière. Depuis quelques temps, ils ne font plus payer tellement l'état de la route est honteuse.

 

IMGP3738 Montée à ConocochaLa nuit est fraîche et le soleil du matin nous réchauffe agréablement. Nous suivons le Río Santa que nous avions longé depuis Chuquicara voilà plus de 2 mois. Les sommets principaux de la Cordillère Blanche disparaissent petit à petit, avec le Huantsan (6395m) en dernier (1èreascension par Lionel TERRAY), pour laisser place à ceux de la Cordillère Huayhuash avec le majestueux Yerupaja (6634m).

 

IMGP3748 Gallina de agua - Conococha PerúNous atteignons le village de Conococha (4050m) sous le col de la Fortaleza (4080m), dernier rempart pour descendre sur la côte et rejoindre Lima. Après un menú bien mérité, nous prenons la route de Chiquían en passant un grand plateau, vent de face, à côté de la lagune Conococha, source du Río Santa. On peu y voir beaucoup d'oiseaux et notamment des ibis et des poules d'eau. Nous nous cachons derrière le mur d'enceinte d'une ferme à moutons dont les habitants sont étonnés que nous n'allions pas à l'hôtel. Un de leurs chiens veillera sur nous toute la nuit...

 

IMGP3781 Vallée de ChiquíanLe reste de la montée est plutôt court (6km) pour atteindre un col à 4250m, bifurcation pour Chiquían. Nico y a une connaissance (Abner, lors d'un précédent voyage avec Tibo et Didier), mais le détour de 30km nous rebute. La vue sur Huayhuash est splendide, ses sommets sont effilés et IMGP3815 Cruz del Sursouvent peu faciles. Le spectacle est complété par des cultures qui s'étagent en terrasses, entre couleur des blés mûrs et quinoa... Une grande descente nous ramène à 3600m à l'entrée d'une gorge. La route est essentiellement fréquentée par les camions de la mine Antamina.

 

IMGP3819 Sous YanashallaNous nous arrêtons manger à Pachapaqui, où nous voyons des puyas raimondis plantés sur la place..., et où nous rencontrons deux jeunes frères qui montent 2 vaches avec leurs veaux dans les pâturages, 20km plus haut. Ils ont vu un canadien passer par ici il y a quelques temps. Nous le savons maintenant en Bolivie en compagnie de nos amis Unaï et Juan.

 

Deux heures de pédalage dans l'après-midi nous amène à un plateau à 4200m où nous plantons la tente à côté de maisons typiques. Le papi du coin veut nous acheter notre tente... s'il savait son prix en soles... Dès la tombée de la nuit, le froid se fait vif si bien que les gamelles gèlent lors du retour de la vaisselle au torrent.

 

IMGP3824 Abra de YanashallaAu réveil, nous allons chercher à quelques centaines de mètres les premiers rayons de soleil pour déjeuner puis nous continuons notre ascension du col Yanashalla : 35km de montée pour culminer à 4620m à l'alti, 4720m sur la carte. L'inclinaison de la route s'accentue sur les 500 derniers mètres ce qui les rend particulièrement pénibles. Nous nous équipons pour descendre sur Huallanca, en passant à côté d'une ville minière. Nico apprend le résultat - nul -  de l'équipe de France face à l'Uruguay, c'est déjà mieux que contre la Chine... A notre surprise, seule la partie entre Huallanca et La Uníon est en terre, nous avions comme info de la piste jusqu'à Huanuco, tant mieux ! Nous campons pour la nuit entre des ruines de maisons, le sommeil ne se fait pas prier.

 

IMGP3856 ChuquisPendant le petit-déjeuner, un chien vole notre fromage ! Nico part à sa poursuite mais sans résultat, heureusement son vieux maître n'est pas loin et le rappelle à l'ordre. Notre bien récupéré, nous continuons notre "descente" le long du Río Huayhuash jusqu'à sa confluence, à Tingo Chico (3050m), avec le Río Marañon, grand affluent de l'Amazone. La remontée de ce fleuve est très agréable, les vallées rencontrées depuis Conococha sont assez sauvages, nous voulons dire par là que peu de forme de modernisme les ont modifiées mis à part les mines. Un petit mot sur ces dernières qui appartiennent à des compagnies étrangères sous la "bienveillance" de gouvernements corrompus. Les pauvres péruviens n'en touchent aucun bénéfice, pire encore, ils ont droit IMGP3859 Transport scolaire - Huacutoà la pollution de leur rivière.  Quelques mines artisanales subsistent : extraction à la pioche du minerai et transport par des mules ou des chevaux, notamment du charbon et du fer. Nous pouvons voir aussi de nombreuses traces de l'architecture inca, en particulier des ouvrages militaires et des ruines de fermes et d'enclos, parfois encore utilisés. Nous quittons petit à petit le lit du Marañon pour arriver à Huacuto où les villageois nous logent dans une cabane en bois à côté de l'église. La route est toujours en asphalte mais nous avons du mal à croire qu'elle ne date que d'un an, déjà des trous la ponctuent, nous en aurons l'explication plus tard.

 

IMGP3879 Corona Del IncaLe lendemain, après avoir assisté au départ scolaire, 20km sont nécessaires pour atteindre le col à Ayapitec : 4000m d'altitude, 1000m de dénivelé sur 50km (nous sommes parés pour le Tour de France !). Les paysages s'enchaînent, réservant parfois quelques surprises  au détour des virages... Tout proche se trouve la Corona Del Inca (couronne de l'Inca) où se trouve des vestiges de maisons de cette époque. Nous tombons par hasard sur la France... Comme quoi, on peut retrouver son pays dans des circonstances étranges... Nous Le début de la descente sur Huanuco est en terre puis nous arrivons à un bouchon causé par un chantier. Les ouvriers veulent bien nous laisser passer à condition de faire IMGP3882 Franceattention à la machine (les gringos passent à vélos, les cholos restent sur le quai !). La première rencontrée, son chauffeur est courbé sur le volant et fait la sieste, nous sommes hilares. Heureusement, un peu plus bas, d'autres ouvriers sauvent l'honneur ! Nous comprenons enfin pourquoi leurs routes se détériorent si vite : ils tassent 20-30cm de terre et de pierres au rouleau compresseur et coulent directement 1cm (seulement) de goudron par-dessus, le tour est joué ! 5km plus loin à peine, d'autres ouvriers sont déjà en train de boucher les premiers trous sur la route neuve... Après le col, 55km de descente nous amène à Huanuco (ville au meilleur climat du monde, certain se demande où est la neige ?...) où nous allons un peu nous reposer après ces 6 jours de vélo et d'où nous vous donnons ces nouvelles.

 

IMGP3884 Entrée Huanuco

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5 juin 2010 6 05 /06 /juin /2010 00:00

IMGP3526 Cayesh 5721m Quilcayhuanca

 

 

But au San Juan

 

cordillère blancheIMGP3520 Chevaux QuilcayhuancaLe 27 mai 2010, nous avons rendez-vous à 8h avec Juan Carlos, le chauffeur de taxi qui nous a sauvé la mise lors de notre descente du Huamashraju. Nous remontons donc en voiture jusqu'à l'entrée du parc, où nous nous acquittons de notre dîme (65 soles / 7 jours), puis il nous dépose tout au bout de la route. Nous rencontrons au début de la vallée Honorado, (mais non Nico, Honorado, c'est le prénom, ça veut pas dire qu'il est honoré de te rencontrer !). Ce gardien de vaches (240 bêtes dans la vallée) a fait quelques beaux sommets (Huandoy Norte, Huascaran...) et connaît quelques mots de français.

 

Nous chargeons les sacs et nous nous engageons dans la large vallée, parcourue par un torrent et globalement très marécageuse, sauf au niveau du chemin. En effet, il est drainé par des petits canaux, sinon la plupart du terrain est spongieux. Paissent ça et là les bovidés mais aussi des chevaux. Le sol est souvent jonché d'os : maladie ou oeuvre du puma ?

 

IMGP3552 Pucaranra et ChincheyAprès 2h30 de marche, nous sommes à la bifurcation des vallées du Chinchey et du Cayesh, que nous devons prendre. Mais nous sommes allés trop loin, ratant le pont qui franchit le torrent. Trop long de redescendre et pas de gué : nous optons pour un bain de pied vivifiant ! Nous croisons peu après 3 américains, revenant du Chopiraju. Nous faisons un bout de chemin avec eux en regardant le San Juan qui affiche impudemment son arête, pas vraiment rassurante vu le manque de neige. Du coup, nous hésitons, regardant la carte et les autres sommets possibles, pour nous décider à monter au camp de base du San Juan, en espérant que l'arête est meilleure mire de ce point et que le Quimarumi soit faisable.

 

IMGP3535 Montée San JuanNous dormons au frais, car la condensation gèle dans la tente pendant la nuit ! Au matin, nous remontons, entre 2 cascades, des pentes herbeuses très raides : pas facile d'autant que IMGP3556 Traces de Lutinnous portons de véritables lests... Nous faisons une petite pause puis nous reprenons pour une courte escalade, une quinzaine de mètres environ, dans une petite falaise humide. Pas évident non plus ! Un petit pierrier, quelques pas en II et nous sommes au bout des difficultés : restent un éboulis et la traversée de dalles morainiques pour monter notre tente juste au bord d'une lagune jaunâtre. Et oui ! Pas de chance, ici l'eau est très ferrugineuse, au point de donner du goût à la cuisine ! D'ailleurs les cailloux immergés sont recouverts d'une épaisse couche d'oxydation.

 

IMGP3545 CB San JuanPour la voir, impossible de remonter le glacier qui shunte la première partie de l'arête, car la fonte de ces dernières années laissent apparaître un gros ressaut rocheux. Demain, Nico ira faire une reconnaissance.

Nous nous reposons donc la journée du 29 mai. Il fait frais (camp à 5000m oblige). Le premier passage repéré n'est finalement pas faisable car il il y a trop de rochers délités. Nico monte alors au col, chargé du matos technique, en vue de la tentative du lendemain. Nous mangeons tôt, vers 17h, et nous nous couchons une heure et demie après.

Malheureusement, Pauline dort peu... A 1h, le réveil sonne le branle-bas de combat. Petit-déjeuner copieux, qui reste en travers de la gorge de Pauline, hésitante. Elle n'a pas vraiment envie d'aller se risquer sur cette arête, lui paraissant dangereuse... et laisse Nico y partir seul... Il avance bien, récupère le matériel nécessaire au passage, franchit le couloir menant à l'arête. Les corniches sont importantes et il se méfie beaucoup, tout en progressant rapidement, jusqu'à butter sur un ressaut trop raide pour être franchi sans assurance. Il fait donc demi-tour à 5400m, très déçu de ne pas pouvoir poursuivre son ascension. Vers 3h45, il redescend jusqu'à la tente où il attend le lever du soleil (et de sa compagne...).

 

IMGP3566 Arête du San JuanNous plions nos affaires et rechargeons nos sacs pour entamer une très longue descente, silencieuse face à notre échec. Nous évitons les passages les plus exposés, d'abord en prenant un long pierrier rive gauche de la vallée puis des pentes d'herbe qui finissent en forêt au-delà de la cascade de droite (toujours dans le sens de la descente), moins périlleuse que la montée cairnée.

Nous cheminons ensuite le long du torrent de la vallée Cayesh qui se termine en canyon si encaissé qu'on peut le franchir d'un seul pas, juste avant de se joindre à celui de la Quicayhuanca, où il reste plusieurs kilomètres avant de regagner la route (Didier et Tibo en savent quelque chose !). Encore une journée fastidieuse...

 

IMGP3515 Fleurs d'arbre antigel Quilcayhuanca PérouAu portail, nous croisons de nouveau Honorado, qui complimente Pauline sur son "chuco" (chapeau en quechua), à la mode campesina (= campagnarde) et nous poursuivons notre calvaire. Il est 16h, le dernier combi part vers 18-19h à presque 2h de marche. Nous avançons d'un bon pas, histoire de ne pas rentrer à Huaraz à pied, euh pas complètement... Nous cheminons sur le dos d'une colline, d'où nous voyons la route où nous sommes descendus du Huamashraju, mauvais souvenir. Finalement, à Llupa, nous tombons sur un combi, garé dans une cour. Nous demandons à nous faire descendre, mais impossible de négocier le prix : 20 soles, d'autant que le papi ne semble pas résolu à nous indiquer la station de colectivos la plus proche. Nous finissons par céder... mais sur le chemin, il ne gêne pas pour faire le plein de monde ! Il le rentabilise son Hiace ! Enfin, pour le prix, nous sommes déposés devant la porte d'entrée, le chauffeur étant incrédule de ne pas nous laisser devant un hôtel.

Nous posons nos sacs à la chambre pour nous ruer au restaurant. Allez, c'est pas une victoire mais nous nous octroyons un steak-purée dans un bon établissement, mi-gênés, mi-amusés par l'odeur que nous dégageons. Et oui ! Trop faim, nous ne sommes pas passés sous la douche ! Pauvres serveurs...

 

 

 

IMGP3611 Ocshapalca et Ranrapalca Llaca

 

Grimpe à Llaca

 

IMGP3595 Ranrapalca LlacaPour la fin de ce séjour à Huaraz, nous optons pour de l'escalade. Cela nous permettra de reposer un peu nos corps avant de ré-attaquer le vélo. Trois jours plus tard, un taxi nous monte, via Marian, à la Quebrada Llaca mais nous sommes vite arrêtés par des travaux. Il nous faut redescendre à El Pinar, cité dortoir de la mine impressionante au-dessus de Huaraz, pour passer par Huanchac, Wilcahuain et rejoindre la vallée. En chemin, nous traversons le site de blocs de Cachipampa. Au IMGP3607 Ranrapalca Llacaposte de contrôle de la Quebrada, le gardien nous demande si nous restons plus d'une journée, notre ticket d'entrée du parc du Huascaranse termine le jour même. Nous lui répondons que nous descendons dans la soirée, ne voulant pas repayer cette taxe hors de prix. Au parking, nous croisons Hugo, en promenade avec sa famille.

 

La rive droite de la vallée est déjà à l'ombre et certaines cascades gèlent en partie... Les couennes (voies) ne sont que des dalles, Nico désepère et se lance dans un 5+ ("3 chapas"). Au bout de 30 minutes, il arrive tant bien que mal au dernier pas et laisse sa place à Pauline, qui ne fera pas mieux. Hugo nous rassure, pour lui le 5+ d'ici veut dire plus de 5... Ces dalles, lissées par le glacier, offrent autant d'adhérence que le parquet ciré de chez mémé et l'équipement rend leur parcours obligatoire. Nico repart en moulinette dans "Los Magnificos" (6a qui doit valoir 6c) et arrive à sortie le 5+ grâce à un câblé rassurant. Pauline se fait également plaisir dans cette longueur...

 

IMGP3625 Ocshapalca PérouNous décidons de trouver quelque chose de plus raide. Un peu plus haut, 2 couennes nous attirent. La première, "los norteños" (6a), nous brûle bien les bras. Dure la grimpe à 4500m ! Elle devrait continuer sur une seconde longueur, mais après le premier point, il n'y a plus rien, Nico tire un rappel sur un unique petit piton... La seconde couenne du secteur offre une belle escalade en petites niaquettes (ou gnakettes mais c'est le même effet, des réglettes quoi...) et placements techniques. Pauline finit la longueur sous les dernières lueurs de l'Ocshapalca (5888m) et le sublime Ranrapalca (6162m), Cette quebrada donne accès également au Wallunaraju, au Rima Rima et à l'énorme glacier qui se jette dans la lagune Llaca au fin fond d'une moraine. Nous campons au pied des voies.

 

Juste avant de s'endormir, le ronflement d'un animal se rapproche de la tente. Nous ne bougeons plus. Il semble broûtermais les hypothèses vont bon train : puma, ours ?... Nous penchons pour le second. Au bout de 30 minutes, à bout de crampes (pour ne pas faire de bruit...), nous nous décidons à identifier notre visiteur à l'aide de nos frontales. Ce n'est qu'un taureau... Nous nous endormons d'un trait, comme soulagés.

 

IMGP3623 Viscacha Llaca PérouAu matin, Pauline ne débusque pas moins de 4 viscachas dans la moraine. Dérangés, ils bondissent de rocher en rocher puis s'arrêtent et observent l'intrus. L'objectif de la journée est "Mission IMGP3656 Mission LunaticaLunatica", une grande voie de 170m, se trouvant sur l'autre rive de la vallée. 20 minutes de marche nous y amènent. Le soleil est déjà caché par les nombreux nuages. Autant il fait très bon, à ces altitudes, sous les rayons très forts, autant il fait frisquet à l'ombre et pire au vent. La première longueur est un 6a en dalle avec des passages assez fins. La suivante est un très beau dièdre en 6a avec un pas que l'on côterait un peu plus. La troisième longueur parcourt des petits ressauts en rocher cassé et en fissures, jusqu'au crux de la voie où il faut traverser à gauche sur le bord d'un surplomb aérien (6c ou 6a/A0). La sortie ne nous laisse pas sans émotion... Ainsi que le relais où des maillons sont juste pincés derrière un écrou et une petite rondelle, qui aurait pu être plus grande ! L'avant-dernière longueur est un superbe 6b, d'abord en fissure puis en réglettes athlétiques. L'ultime est une dalle en 5+. Nous descendons la voie en 3 rappels (55m, 55m, 35m). Parfois il est assez appréciable d'avoir 2x60 m de corde.

 

IMGP3658 Mission LunaticaNous sommes ravis d'avoir parcouru cette très belle voie dans ce cadre grandiose. Nous filons en direction du parking en espérant trouver une dernière voiture pour nous ramener à la ville. Seuls des taureaux y sont garés mais ne semblent pas disposés à offrir leurs services.

 

Nous nous décidons à commencer la descente sur Huaraz à pied, on a l'habitude... Seul ombre au tableau, il nous faut passer la "douane" sans nous faire amender. De plus, seule la route semble praticable et nous avons peu envie de traverser la forêt touffue avec nos gros sacs. Nous passons la frontière du parc au culot et nous sommes seulement interpellés par des "bye, bye". Il faut dire que le ticket d'entrée est de 65 soles (environ 20€) pour un mois, alors qu'il est mentionné qu'une semaine sur celui-ci, ce qui permet un sérieux quiproquo. Et de toute façon, nous n'aurions pas eu de quoi régler !

 

Nous plantons la tente en contre-bas, avant la tombée de la nuit, à côté du torrent. Pour égayer un peu la soirée, nous tentons de faire un feu qui a dû mal à prendre à cause de l'humidité environnante. A moins IMGP3624 Arbre anti-gel Llaca Pérouque ce soit à cause de cet arbre étrange... Il porte de nombreuses couches d'écorce fine, contenant de l'éthylèn-glycol, le même anti-gel que pour les radiateurs de voitures. Toujours est-il que  Nico finit par employer les grands moyens avec l'essence de notre réchaud. Quand Pauline allume le tas de bois, surpris par l'embrasement, il a un mouvement de recul. Conséquence : il enflamme la bouteille d'essence ainsi que sa main. Son souffle puissant (ouaif..), heureusement, éteint le tout. Seul sa virilité en aura pris un sacré coup avec quelques poils en moins et une petite odeur de cochon grillé ! Le peu d'essence restant nous sert quand même à cuisiner de la polenta assaisonnée d'une soupe de légumes (t'as le choix en montagne : polenta, semoule ou pâtes chinoises, aromatisées par des soupes en sachet).

 

Le lendemain, une courte balade, en suivant un canal, bordé au début par des arbustres odoriférants -ça sent un peu comme dans le Sud de notre pays- nous ramène aux ruines de Wilcahuain où nous prenons un collectivos pour Huaraz : IMGP3644 Composée Llaca Pérouseulement 2 soles / pers. au lieu de 40 soles à 2 en taxi. Le confort n'est pas le même surtout quand l'on s'entasse à 20 dans un combi qui ne comprend qu'une dizaine de places ! Le chauffeur est même arrêté car un jeune est monté sur le toit. Pas d'amende, une chance pour lui...

 

P.S. On vous met les photos dès que le PC veut bien se laisser faire !

 IMGP3610 Ranrapalca Llaca

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24 mai 2010 1 24 /05 /mai /2010 21:36

IMGP3436 Cascade Tranca Ruritracé 2Nous voilà repartis pour les Nevados Gueshgue. Une très belle arête, repérée par Hugo (www.caillouaventure.com), nous attire et la fatigue, lors de notre premier passage, ne nous avait pas permis de la tenter. A Catac, un taxi veut bien nous monter, il s'appelle Emilio et c'est le neveu de Theo, le monde est petit... Le sol s'est quelques peu asséché et il nous dépose plus haut que son oncle, c'est toujours ça de gagné. Nous connaissons le chemin et nous ne nous attardons pas pour être le plus tôt au campement et nous reposer en vue du lendemain. Les Puyas Raimondi sont toujours à leur place, mais ô surprise, il y en a 3-4 en fleurs ! Chose rarissime apparemment, nous projetons de les voir de plus près à la descente.

 

IMGP3374 Arête Los sobrinos lever de soleilIMGP3395 Vue sur la lagune Los sobrinosLes précipitations ont dû se faire vraiment rares, de petites lagunes sont complètement à sec à cause du soleil andin, vraiment puissant dans ces latitudes. Un peu plus tard, un troupeau de "cornos" (vaches et taureaux à cornes) a remplacé les chevaux. Nous arrivons à notre campement à 14h30, après 3h de marche. La dénivelée est peu importante (environ 300m de 4250m à 4550m) mais les distances dans cette Cordillère valent facilement les vallées des Ecrins. Heureusement, nous avons échappé à la pluie. Malgré le temps menaçant, notre objectif semble en conditions. Donc l'excitation s'amplifie à chaque coup d'oeil : vivement demain ! Comme prévu, en fin d'après-midi, il commence à pleuvoir, nous dînons vers 18h pour nous coucher à 20h.

 

IMGP3378 1er pas de mixte de los sobrinosAu réveil, à 3h30, il pleut toujours... Nous remettons notre ascension au lendemain. A 7h, il fait assez beau mais la neige est descendue et a plâtré les montagnes environnantes jusqu'à 4800m environ. La journée se passe en grande majorité dans la tente, entre parties de rami et lecture. Dans ces contrées, où il n'y a pas de prévisions météo, il est judicieux de prévoir un jour supplémentaire en nourriture et d'être patient. De plus, cela nous permet de se reposer et de s'acclimater un peu plus. Côté météo, c'est pas mieux que la veille. Il pleut et neige même IMGP3385 Surplomb de los sobrinosdès le début d'après-midi jusqu'à l'altitude de notre tente. Même rituel que la veille, repas à 18h, sans grande faim après cette journée d'activité intense... A notre coucher, à 20h, la pluie a cessé ; espérons que cela tienne toute la nuit.

 

IMGP3397 Avant-dernière longueur Los sobrinosA nouveau, réveil à 3h30. Cette fois-ci, nous nous levons. Départ à 4h30 sous un ciel étoilé. Après un quart d'heure de marche, nous apercevons une lumière en contre-bas. Le doute nous envahit. Que fait quelqu'un ici à cette heure, si ce n'est pour nous piller la tente ? Un peu plus tard, Nico fait demi-tour. Le vol de notre réchaud ou de nos sacs de couchage marquerait probablement la fin du voyage, sans parler d'une nuit à venir sans protections. Il n'y a plus de lumières et personne aux alentours de la tente. C'est réconforté qu'il reprend sa montée dans les traces de Pauline.

 

IMGP3393 Petit dièdre Los sobrinosA 8h, nous atteignons le pied des difficultés, à presque 5000m. Le temps est radieux, on se croirait à l'automne dans les Alpes avec ces 10cm de neige fraîche qui recouvrent le terrain. Par chance, le versant E de l'arête est quasi sec, nous le rejoignons par des gradins en mixte (rocher enneigé). Une dalle bien fissurée nous permet de revenir sur le fil de l'arête, puis une longueur (protégée par un friend : coinceur mécanique) et une désescalade en mixte (habituez-vous à ce mot, il sera servit à toutes les sauces) nous amenent à la brèche caractéristique. A ce niveau, nous hésitons. L'arête se complique (dalles enneigées), le couloir versant W semble difficile et les rochers secs du côté E ne peuvent IMGP3390 Casse-croûte los sobrinoss'atteindre que par un rappel. Nous optons pour les dalles. Nico les déneige avec le piolet pour les passer en faisant quelques ancrages. Puis un pendule lui permet de rejoindre un couloir formé de deux dièdres. Une pierre coincée dans une fissure fait office d'assurage, quelque peu précaire, pour gravir plus sereinement le dièdre de gauche. C'est au tour de Pauline, elle se sert du piolet pour passer la dalle, Nico la mouline plus bas que prévu pour récupérer la sangle se trouvant autour de la pierre (qui a sauté...) et passe le dièdre la fleur au piolet.

 

 

IMGP3399 Longueur finale Los sobrinosLe prochain passage difficile est un surplomb suivie d'une fissure obliquant vers la droite, le tout en mixte. Deux friends sécurisent le passage où il est avantageux d'être grand. Nous arrivons sous des toits qui nous ne semblent pas franchissables. Après quelques recherches, nous trouvons une vire nous ramenant dans la face E. Nous la suivons sur une cinquantaine de mètres. Pauline a la fringale et tape le casse-croûte, le ciel s'est voilé et il commence à neigeoter. Nico ne perd pas de temps et continue pour rejoindre l'arête par un passage en surplomb : physique l'escalade en granit à plus de 5000m... alors que sa compagne engouffre au plus vite le reste de son sandwich. Nous traversons, vers la gauche, un couloir d'éboulis et nous nous tenons à suivre le fil jusqu'au sommet évinçant la solution la plus simple car Nico trouve cela plus esthétique. Chacun ses goûts, surtout à ces altitudes... Un premier dièdre donne IMGP3402 Cairn du sommet los sobrinosaccès au final où nous choisissons de passer dans un petit tunnel puis de suivre par un second dièdre enneigé dans son fond. Une vire vers la droite nous amène à la dernière longueur : un grand dièdre fermé par un surplomb d'où l'on s'échappe par la gauche par une série de fissures obliques assez physiques. Superbe final pour sortir directement à cette antécime rocheuse du sommet principal des Gueshgue.

 

IMGP3406 Descente Los sobrinosNous sommes vraiment heureux d'avoir gravi cette très belle arête et, dans un sens, c'est une chance, car le retour en arrière aurait été problématique. Il est 12h15, heure du thé. Nous profitons du paysage et entamons la IMGP3425 Viscachas Tranca Ruri Péroudescente vers 13h. Le soleil refait son apparition, le glacier est bien enneigé et cache assez bien les crevasses. Pauline y passe une jambe, première expérience de ce type pour elle, qui plus est en Amérique Latine ! Nous rejoignons la rive droite du glacier pour en sortir par une crevasse, chose peu orthodoxe mais efficace ! Nous atteignons les bords IMGP3432 Pongos y lunade la lagune Pamparaju par une succession de moraines et cerise sur le gâteau, nous apercevons 2 viscachas peu farouches qui se laisseront approcher pour une séance photos. Emilio nous donnera le planning d'une journée de ces petits mammifères : réveil à 6h, repas jusqu'à 7h, sieste jusqu'à 15h-16h puis dîner pour conclure cette journée éprouvante ! Il est 15h30 quand nous atteignons la tente, heureusement non pillée. Avons-nous vu une étoile se reflétant dans une petite mare ou était-ce bien une personne, le berger du coin ? Fin de journée farniente, à boire un maximum pour éviter les maux de tête et les courbatures. Le repos du grimpeur ne se fait pas tarder en soirée !

 

IMGP3460 Puya Raimondi Tranca Ruri PérouLe taxi nous attend vers 12h aux pieds des lagunes Gueshguecocha, nous ne tardons pas pour entamer la descente. Un petit détour nous permet d'admirer un Puya en fleur. Nico file pour tenter de pêcher une truite dans l'embouchure d'un lac. Essais infructueux pour cause de matériel inadéquate et manque de temps, ce n'est jamais la faute du pêcheur, bien sûr ! Pendant ce temps, Pauline chasse les animaux armée de l'appareil photo  : grillon ou sauterelle à l'air étrangement exubérant, mouette d'altitude ou encore une sorte d'oie (ou un canard)...Nous apprécions, pour cause, la descente en voiture, surtout en compagnie du sympathique Emilio. Il est pour le Brésil à la coupe du monde !

Il semblerait que nous ayons fait la première de cette arête. Comme de bien entendu, il est normal de la nommer, nous voulons la dédier à nos chers petits neveux (Anaïs, Estelle, Alessandro, Clément et la merveille à venir !) : Los Sobrinos Locos (surtout, qu'ils gardent toujours un peu de folie dans leur vie).

Cette voie aurait très bien pu aussi s'appeler : "Privés de bisous", ce dont est Pauline depuis 5 jours à cause de l'état diarrhéique de Nico...

IMGP3492 Bergère en rose et ses moutons Tranca Ruri

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