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5 juin 2010 6 05 /06 /juin /2010 00:00

IMGP3526 Cayesh 5721m Quilcayhuanca

 

 

But au San Juan

 

cordillère blancheIMGP3520 Chevaux QuilcayhuancaLe 27 mai 2010, nous avons rendez-vous à 8h avec Juan Carlos, le chauffeur de taxi qui nous a sauvé la mise lors de notre descente du Huamashraju. Nous remontons donc en voiture jusqu'à l'entrée du parc, où nous nous acquittons de notre dîme (65 soles / 7 jours), puis il nous dépose tout au bout de la route. Nous rencontrons au début de la vallée Honorado, (mais non Nico, Honorado, c'est le prénom, ça veut pas dire qu'il est honoré de te rencontrer !). Ce gardien de vaches (240 bêtes dans la vallée) a fait quelques beaux sommets (Huandoy Norte, Huascaran...) et connaît quelques mots de français.

 

Nous chargeons les sacs et nous nous engageons dans la large vallée, parcourue par un torrent et globalement très marécageuse, sauf au niveau du chemin. En effet, il est drainé par des petits canaux, sinon la plupart du terrain est spongieux. Paissent ça et là les bovidés mais aussi des chevaux. Le sol est souvent jonché d'os : maladie ou oeuvre du puma ?

 

IMGP3552 Pucaranra et ChincheyAprès 2h30 de marche, nous sommes à la bifurcation des vallées du Chinchey et du Cayesh, que nous devons prendre. Mais nous sommes allés trop loin, ratant le pont qui franchit le torrent. Trop long de redescendre et pas de gué : nous optons pour un bain de pied vivifiant ! Nous croisons peu après 3 américains, revenant du Chopiraju. Nous faisons un bout de chemin avec eux en regardant le San Juan qui affiche impudemment son arête, pas vraiment rassurante vu le manque de neige. Du coup, nous hésitons, regardant la carte et les autres sommets possibles, pour nous décider à monter au camp de base du San Juan, en espérant que l'arête est meilleure mire de ce point et que le Quimarumi soit faisable.

 

IMGP3535 Montée San JuanNous dormons au frais, car la condensation gèle dans la tente pendant la nuit ! Au matin, nous remontons, entre 2 cascades, des pentes herbeuses très raides : pas facile d'autant que IMGP3556 Traces de Lutinnous portons de véritables lests... Nous faisons une petite pause puis nous reprenons pour une courte escalade, une quinzaine de mètres environ, dans une petite falaise humide. Pas évident non plus ! Un petit pierrier, quelques pas en II et nous sommes au bout des difficultés : restent un éboulis et la traversée de dalles morainiques pour monter notre tente juste au bord d'une lagune jaunâtre. Et oui ! Pas de chance, ici l'eau est très ferrugineuse, au point de donner du goût à la cuisine ! D'ailleurs les cailloux immergés sont recouverts d'une épaisse couche d'oxydation.

 

IMGP3545 CB San JuanPour la voir, impossible de remonter le glacier qui shunte la première partie de l'arête, car la fonte de ces dernières années laissent apparaître un gros ressaut rocheux. Demain, Nico ira faire une reconnaissance.

Nous nous reposons donc la journée du 29 mai. Il fait frais (camp à 5000m oblige). Le premier passage repéré n'est finalement pas faisable car il il y a trop de rochers délités. Nico monte alors au col, chargé du matos technique, en vue de la tentative du lendemain. Nous mangeons tôt, vers 17h, et nous nous couchons une heure et demie après.

Malheureusement, Pauline dort peu... A 1h, le réveil sonne le branle-bas de combat. Petit-déjeuner copieux, qui reste en travers de la gorge de Pauline, hésitante. Elle n'a pas vraiment envie d'aller se risquer sur cette arête, lui paraissant dangereuse... et laisse Nico y partir seul... Il avance bien, récupère le matériel nécessaire au passage, franchit le couloir menant à l'arête. Les corniches sont importantes et il se méfie beaucoup, tout en progressant rapidement, jusqu'à butter sur un ressaut trop raide pour être franchi sans assurance. Il fait donc demi-tour à 5400m, très déçu de ne pas pouvoir poursuivre son ascension. Vers 3h45, il redescend jusqu'à la tente où il attend le lever du soleil (et de sa compagne...).

 

IMGP3566 Arête du San JuanNous plions nos affaires et rechargeons nos sacs pour entamer une très longue descente, silencieuse face à notre échec. Nous évitons les passages les plus exposés, d'abord en prenant un long pierrier rive gauche de la vallée puis des pentes d'herbe qui finissent en forêt au-delà de la cascade de droite (toujours dans le sens de la descente), moins périlleuse que la montée cairnée.

Nous cheminons ensuite le long du torrent de la vallée Cayesh qui se termine en canyon si encaissé qu'on peut le franchir d'un seul pas, juste avant de se joindre à celui de la Quicayhuanca, où il reste plusieurs kilomètres avant de regagner la route (Didier et Tibo en savent quelque chose !). Encore une journée fastidieuse...

 

IMGP3515 Fleurs d'arbre antigel Quilcayhuanca PérouAu portail, nous croisons de nouveau Honorado, qui complimente Pauline sur son "chuco" (chapeau en quechua), à la mode campesina (= campagnarde) et nous poursuivons notre calvaire. Il est 16h, le dernier combi part vers 18-19h à presque 2h de marche. Nous avançons d'un bon pas, histoire de ne pas rentrer à Huaraz à pied, euh pas complètement... Nous cheminons sur le dos d'une colline, d'où nous voyons la route où nous sommes descendus du Huamashraju, mauvais souvenir. Finalement, à Llupa, nous tombons sur un combi, garé dans une cour. Nous demandons à nous faire descendre, mais impossible de négocier le prix : 20 soles, d'autant que le papi ne semble pas résolu à nous indiquer la station de colectivos la plus proche. Nous finissons par céder... mais sur le chemin, il ne gêne pas pour faire le plein de monde ! Il le rentabilise son Hiace ! Enfin, pour le prix, nous sommes déposés devant la porte d'entrée, le chauffeur étant incrédule de ne pas nous laisser devant un hôtel.

Nous posons nos sacs à la chambre pour nous ruer au restaurant. Allez, c'est pas une victoire mais nous nous octroyons un steak-purée dans un bon établissement, mi-gênés, mi-amusés par l'odeur que nous dégageons. Et oui ! Trop faim, nous ne sommes pas passés sous la douche ! Pauvres serveurs...

 

 

 

IMGP3611 Ocshapalca et Ranrapalca Llaca

 

Grimpe à Llaca

 

IMGP3595 Ranrapalca LlacaPour la fin de ce séjour à Huaraz, nous optons pour de l'escalade. Cela nous permettra de reposer un peu nos corps avant de ré-attaquer le vélo. Trois jours plus tard, un taxi nous monte, via Marian, à la Quebrada Llaca mais nous sommes vite arrêtés par des travaux. Il nous faut redescendre à El Pinar, cité dortoir de la mine impressionante au-dessus de Huaraz, pour passer par Huanchac, Wilcahuain et rejoindre la vallée. En chemin, nous traversons le site de blocs de Cachipampa. Au IMGP3607 Ranrapalca Llacaposte de contrôle de la Quebrada, le gardien nous demande si nous restons plus d'une journée, notre ticket d'entrée du parc du Huascaranse termine le jour même. Nous lui répondons que nous descendons dans la soirée, ne voulant pas repayer cette taxe hors de prix. Au parking, nous croisons Hugo, en promenade avec sa famille.

 

La rive droite de la vallée est déjà à l'ombre et certaines cascades gèlent en partie... Les couennes (voies) ne sont que des dalles, Nico désepère et se lance dans un 5+ ("3 chapas"). Au bout de 30 minutes, il arrive tant bien que mal au dernier pas et laisse sa place à Pauline, qui ne fera pas mieux. Hugo nous rassure, pour lui le 5+ d'ici veut dire plus de 5... Ces dalles, lissées par le glacier, offrent autant d'adhérence que le parquet ciré de chez mémé et l'équipement rend leur parcours obligatoire. Nico repart en moulinette dans "Los Magnificos" (6a qui doit valoir 6c) et arrive à sortie le 5+ grâce à un câblé rassurant. Pauline se fait également plaisir dans cette longueur...

 

IMGP3625 Ocshapalca PérouNous décidons de trouver quelque chose de plus raide. Un peu plus haut, 2 couennes nous attirent. La première, "los norteños" (6a), nous brûle bien les bras. Dure la grimpe à 4500m ! Elle devrait continuer sur une seconde longueur, mais après le premier point, il n'y a plus rien, Nico tire un rappel sur un unique petit piton... La seconde couenne du secteur offre une belle escalade en petites niaquettes (ou gnakettes mais c'est le même effet, des réglettes quoi...) et placements techniques. Pauline finit la longueur sous les dernières lueurs de l'Ocshapalca (5888m) et le sublime Ranrapalca (6162m), Cette quebrada donne accès également au Wallunaraju, au Rima Rima et à l'énorme glacier qui se jette dans la lagune Llaca au fin fond d'une moraine. Nous campons au pied des voies.

 

Juste avant de s'endormir, le ronflement d'un animal se rapproche de la tente. Nous ne bougeons plus. Il semble broûtermais les hypothèses vont bon train : puma, ours ?... Nous penchons pour le second. Au bout de 30 minutes, à bout de crampes (pour ne pas faire de bruit...), nous nous décidons à identifier notre visiteur à l'aide de nos frontales. Ce n'est qu'un taureau... Nous nous endormons d'un trait, comme soulagés.

 

IMGP3623 Viscacha Llaca PérouAu matin, Pauline ne débusque pas moins de 4 viscachas dans la moraine. Dérangés, ils bondissent de rocher en rocher puis s'arrêtent et observent l'intrus. L'objectif de la journée est "Mission IMGP3656 Mission LunaticaLunatica", une grande voie de 170m, se trouvant sur l'autre rive de la vallée. 20 minutes de marche nous y amènent. Le soleil est déjà caché par les nombreux nuages. Autant il fait très bon, à ces altitudes, sous les rayons très forts, autant il fait frisquet à l'ombre et pire au vent. La première longueur est un 6a en dalle avec des passages assez fins. La suivante est un très beau dièdre en 6a avec un pas que l'on côterait un peu plus. La troisième longueur parcourt des petits ressauts en rocher cassé et en fissures, jusqu'au crux de la voie où il faut traverser à gauche sur le bord d'un surplomb aérien (6c ou 6a/A0). La sortie ne nous laisse pas sans émotion... Ainsi que le relais où des maillons sont juste pincés derrière un écrou et une petite rondelle, qui aurait pu être plus grande ! L'avant-dernière longueur est un superbe 6b, d'abord en fissure puis en réglettes athlétiques. L'ultime est une dalle en 5+. Nous descendons la voie en 3 rappels (55m, 55m, 35m). Parfois il est assez appréciable d'avoir 2x60 m de corde.

 

IMGP3658 Mission LunaticaNous sommes ravis d'avoir parcouru cette très belle voie dans ce cadre grandiose. Nous filons en direction du parking en espérant trouver une dernière voiture pour nous ramener à la ville. Seuls des taureaux y sont garés mais ne semblent pas disposés à offrir leurs services.

 

Nous nous décidons à commencer la descente sur Huaraz à pied, on a l'habitude... Seul ombre au tableau, il nous faut passer la "douane" sans nous faire amender. De plus, seule la route semble praticable et nous avons peu envie de traverser la forêt touffue avec nos gros sacs. Nous passons la frontière du parc au culot et nous sommes seulement interpellés par des "bye, bye". Il faut dire que le ticket d'entrée est de 65 soles (environ 20€) pour un mois, alors qu'il est mentionné qu'une semaine sur celui-ci, ce qui permet un sérieux quiproquo. Et de toute façon, nous n'aurions pas eu de quoi régler !

 

Nous plantons la tente en contre-bas, avant la tombée de la nuit, à côté du torrent. Pour égayer un peu la soirée, nous tentons de faire un feu qui a dû mal à prendre à cause de l'humidité environnante. A moins IMGP3624 Arbre anti-gel Llaca Pérouque ce soit à cause de cet arbre étrange... Il porte de nombreuses couches d'écorce fine, contenant de l'éthylèn-glycol, le même anti-gel que pour les radiateurs de voitures. Toujours est-il que  Nico finit par employer les grands moyens avec l'essence de notre réchaud. Quand Pauline allume le tas de bois, surpris par l'embrasement, il a un mouvement de recul. Conséquence : il enflamme la bouteille d'essence ainsi que sa main. Son souffle puissant (ouaif..), heureusement, éteint le tout. Seul sa virilité en aura pris un sacré coup avec quelques poils en moins et une petite odeur de cochon grillé ! Le peu d'essence restant nous sert quand même à cuisiner de la polenta assaisonnée d'une soupe de légumes (t'as le choix en montagne : polenta, semoule ou pâtes chinoises, aromatisées par des soupes en sachet).

 

Le lendemain, une courte balade, en suivant un canal, bordé au début par des arbustres odoriférants -ça sent un peu comme dans le Sud de notre pays- nous ramène aux ruines de Wilcahuain où nous prenons un collectivos pour Huaraz : IMGP3644 Composée Llaca Pérouseulement 2 soles / pers. au lieu de 40 soles à 2 en taxi. Le confort n'est pas le même surtout quand l'on s'entasse à 20 dans un combi qui ne comprend qu'une dizaine de places ! Le chauffeur est même arrêté car un jeune est monté sur le toit. Pas d'amende, une chance pour lui...

 

P.S. On vous met les photos dès que le PC veut bien se laisser faire !

 IMGP3610 Ranrapalca Llaca

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commentaires

E
<br /> <br /> un bel article et surement un bien beau voyage ... bravo et bonne route<br /> <br /> <br /> <br />
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N
<br /> <br /> Merci Edelweiss !<br /> <br /> <br /> T'as de belles photos aussi... Et ça rappelle chez nous...<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> <br /> Lecture faite, je suis épuisée mais ravie de ces différentes expéditions.<br /> <br /> <br /> Effectivement les photos arrivent toujours avec un temps de décalage par rapport au texte, mais qu'importe, nous voyageons donc 2 fois.<br /> <br /> <br /> A bientôt<br /> <br /> <br /> <br />
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N
<br /> <br /> Bonjour Maman !<br /> <br /> <br /> En fait, c'est surtout que nous avons eu quelques problèmes avec le PC qui ne voulait pas copier les photos sur notre disuqe dur externe.... Mais tout est réglé et vous pouvez voir les images.<br /> <br /> <br /> Bisous<br /> <br /> <br /> Pauline<br /> <br /> <br /> <br />